• S'il est une caractéristique des démocraties parlementaires qui est plus ou moins universelle, c'est bien l'éternelle alternance gauche/droite des gouvernements et parlements. La politique française en est un parfait exemple : dès que les électeurs en ont marre des innombrables décisions nuisibles d'une équipe, ils se tournent vers l'autre, et ainsi de suite, en se limitant à ces éternelles deux mêmes équipes dont la composition évolue avec les années tout en restant assez semblable dans le fond. Curieuse façon de penser que de ramener au pouvoir ceux-là mêmes que l'on avait évincés quelques années plutôt et de tourner en rond dans ce balancement sans fin.

    Tous les sondages prédisent une écrasante victoire des conservateurs de l'UMP et du FN aux élections européennes. Pour voir le bon côté des choses, on peut dire que la population a majoritairement compris que le PS et ses satellites ne vont pas changer le monde et qu'il est peut-être temps d'aller voir sous d'autres horizons ; cependant on ne peut que se désoler que l'opinion publique ne sache que transférer ses espoirs d'une équipe à l'autre.

    Il est temps que les gens réalisent que toutes ces oscillations ne font que tourner les aiguilles du temps sans faire pour autant avancer l'horloge. Un premier pas serait déjà de réaliser qu'il existe un monde en dehors des participants à ce jeu dénué de sens.


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  • Vu sur le site de la R.T.S. : Un chantier pharaonique défraie la chronique à Villars-sur-Ollon

    Dans la station de Villars-sur-Ollon, un chantier pharaonique défraie la chronique depuis près de 10 ans. Pour plusieurs dizaines de millions de francs, un couple russe se construit un "chalet-château", à moitié enfoui dans la montagne.

    Il n'y aurait rien à redire si les propriétaires respectaient les lois et les règlements suisses. Mais depuis quelques années, le chantier dérive.

    Autorisations non-respectées, violation de la loi sur la forêt, droit du travail bafoué, le chantier […] inquiète la commune et le canton.

    Il est assez amusant de constater la manière de s'inquiéter des politiques :

    Débordée par l'ampleur du dossier, la commune confirme que l'implantation ne respecte plus les autorisations accordées, mais reste impuissante. Le permis d'habiter devrait être refusé. A Lausanne, la direction générale de l’environnement promet que les violations de la loi cantonale sur la forêt seront sévèrement sanctionnées.

    Résumons la situation : un énorme chantier pose problème depuis plusieurs années mais la commune est tellement débordée qu'elle n'a toujours rien pu faire. Au canton, on voit qu'il y a des soucis mais tout ce que l'on fait c'est de promettre des sanctions. Autrement dit, on voit les problèmes mais on a d'autres chats à fouetter.

    Voici donc les politiques travaillant à plein rendement pour protéger leur pays… ce qui pourrait paraitre, disons, plutôt étonnant est que tout le monde se plaint mais on ne parle que de sanctions ou de refuser le permis d'habiter mais pas de bloquer le chantier. Ce ne serait pas là une tâche bien difficile. Mais tant la commune que le canton n'ont-ils pas intérêt à laisser le chantier se terminer et ensuite pouvoir soit taxer fortement les contrevenants soit saisir les biens ? Bien évidemment. Il ne faut pas se faire d'illusions, les politiques pensent à l'intérêt commun tant qu'il est aussi le leur. Au bon sens et à la défense du peuple ou de l'environnement se substitue facilement un joli bénéfice bien miroitant.

    D'ailleurs, ils avouent eux-même leur désintérêt vis-à-vis du bien commun : Il n'y aurait rien à redire si les propriétaires respectaient les lois et les règlements suisses. Bien entendu, on ne se pose pas la question de la pertinence ou non des lois et règlements suisses ni de leur suffisance, on se borne à les appliquer. Peu importe la possible opposition des habitants des lieux ou la perte de terrains agricoles. Ces gens-là ne sont-ils pas capables de réflexion en dehors d'un cadre rigide ? En tout cas, nous avons tort de leur confier la gestion des affaires publiques.

    Mais, politiques à part, le problème originel est tout de même causé par la vente de ce terrain à de riches étrangers. Cet exemple n'en est qu'un parmi tant d'autres. Il est facile de critiquer les «étrangers qui volent nos logements et mitent le territoire par leurs résidences secondaires». Il est tout autant facile de céder son terrain contre une somme intéressante. Si les habitants de ce pays n'étaient pas tant attirés par l'argent, jamais nos montagnes ne seraient devenues ce qu'elles sont. Toutes les lois du monde n'y changeront rien, ce sont les mentalités qu'il faut changer !

    Cela dit, en remontant à la source du problème, c'est la notion même de propriété privée qui doit être remise en cause. Il n'est aucune raison qu'un individu puisse prétendre à un droit d'exclusivité sur des portions de notre bonne vieille Terre. Un terrain, c'est plus qu'un ensemble de chiffres. Un terrain, c'est une histoire, c'est un paysage, c'est une vie qui s'y déroule. En le monnayant à des gens sans scrupule, le premier coupable est-il le vendeur ou l'acheteur ? Qu'importe. Nous sommes tous victimes, consciemment ou non, de la dictature de la propriété. Privée ou étatique, la propriété est une oppression. Qu'il s'agisse d'un terrain, un logement, une fabrique ou une ressource naturelle, elle empêche ceux qui en ont besoin d'en faire usage et permet à d'autres de s'enrichir et de le détruire sans scrupule.

    La liberté ne peut cohabiter avec la propriété. Tant que la société restera dominée par l'obsession de posséder, un monde libre restera une utopie.

    Il n'est pas interdit de se plaindre. Il n'est pas défendu de rêver non plus.


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  • Il parait que le «Gripen» rassemble de plus en plus de partisans parmi les habitants de la Suisse (ou du moins parmi ceux qui acceptent de participer aux sondages). Je ne sais pas si c'est aussi votre cas, mais certaines fois je me demande tout de même quelles pensées peuvent bien traverser l'esprit des gens.

    J'ai essayé de trouver une raison rationnelle de se montrer favorable à un tel achat et j'en suis arrivé à la conclusion suivante : soit un bon nombre de Suisses sont paranoïaques et de plus s'imaginent qu'une armée d'«amateurs» a une chance de résister à des armées professionnelles munies de bombes nucléaires, soit ils ont trop joué avec des modèles réduits d'avions durant leur enfance.

    Libre à vous d'opter pour la version que vous préférez. Heureusement, les gens qui vous entourent ne sont pas nécessairement inclus dans l'une ou l'autre catégorie ; la moitié des «sondés», cela ne représente pas une foule énorme, et surtout les Romands sont tout de même plus raisonnables que leurs voisins alémaniques : deux tiers au moins d'entre eux se disent réfractaires à ce genre d'investissement. Il n'empêche que cela fait tout même (théoriquement) un tiers de gens au raisonnement plutôt étrange qui composent votre entourage.

    Les gens sont curieux parfois.


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  • La société contemporaine glorifie le travail. Quelle que soit l'activité exercée, dans la plupart des cas, ceux qui travaillent beaucoup et rapidement sont valorisés et présentés comme exemples à suivre. Les employés les plus performants ont souvent droit à des avantages (avancement, augmentation de salaire, etc.). À l'inverse, ceux qui sont un peu moins efficaces que la moyenne se voient soumis à une pression importante et craignent parfois pour leur emploi. Il est évident qu'un travail est à la base de toute chose ; il est donc bien fondé de le considérer à sa juste valeur. Mais, dans le monde contemporain, est-ce vraiment le travail d'une personne que l'on valorise ?

    En réalité, la société a confondu depuis bien longtemps les notions de travail et d'emploi. La notion de travail renvoie nécessairement à une profession parfois exercée à titre indépendant mais qui l'est le plus souvent au service d'un employeur. La conséquence malheureuse de cette confusion est que, bien souvent, la seule chose importante aux yeux de la société, c'est l'emploi. Tout le travail effectué en dehors du cadre d'une profession officialisée n'est que secondaire.

    Une profession, pour être reconnue comme telle, implique un ou souvent plusieurs diplômes, un titre officiel et donc une reconnaissance par l'État. Un travail a-t-il besoin de tout ceci pour être utile et mériter reconnaissance ? Certainement pas. Le travail effectué à titre personnel n'a pas de valeur marchande ; il ne vaut pourtant pas moins qu'un travail rémunéré, bien au contraire. Les personnes qui préparent elles-mêmes leurs repas plutôt que de diner hors de chez elles ; celles qui passent du temps à s'occuper de leurs enfants, petits-enfants, des enfants de leurs amis… plutôt que les confier à des garderies ; celles qui prennent soin de leur habitation, de leur potager ou de leur roseraie ; celles qui s'investissent pour animer la vie de leur village ou quartier… tout ceci est du travail, qui a au moins autant de valeur que n'importe quel travail rémunéré.

    Ici se trouve le nœud du problème : la valeur du travail. La société se moque bien de la valeur que peut avoir un emploi, ce qui compte pour elle est que chaque personne en ait un. Être sans emploi est tout de suite perçu comme une situation anormale, problématique, à laquelle il faut remédier au plus vite. Pourtant, nombre de gens sans emploi fixe se rendent bien plus utiles à la collectivité que le travailleur moyen. Créer des emplois est perçu comme un acte nécessairement positif, ce qui fait que l'argument de la création d'emplois a souvent un effet massue qui passe dans l'ombre tous les autres aspects à étudier lors, par exemple, de l'installation d'une nouvelle entreprise ; quand bien même que ces emplois créés n'amènent souvent qu'à la disparition d'autres emplois ailleurs (emplois souvent plus agréables et riches d'un savoir-faire). En fait, la société en est arrivée au point de sacraliser le travail, sans se soucier de sa nature et de son intérêt.

    Un autre problème réside dans la spécialisation à l'excès. Un nombre croissant d'emplois se limitent à quelques tâches très précises et répétitives. Ceci profite à l'employeur, car la spécialisation augmente la productivité ; mais l'employé serait certainement intéressé à faire d'autres activités durant ses quarante-deux heures hebdomadaires. Dans la même optique, il est difficile de combiner dans le monde professionnel deux activités totalement différentes l'une de l'autre. Une personne a une profession qui est inscrite dans les documents officiels ; sa personne est liée à cette «fonction», ce à quoi elle sert à la société. Pourtant les humains sont des êtres polyvalents, ils sont heureusement capables de s'adonner à toutes sortes d'activités. Bien entendu, certaines personnes apprécient de s'engager profondément dans un travail donné, mais ce n'est pas le cas de tout le monde ; pourtant la société est organisé autour du principe de base «une personne, un travail»…

    Mais alors, avec tant de défauts, pourquoi continue-t-on dans cette voie ? C'est bien simple : peu de gens osent imaginer autre chose… ce qui est normal tant la société pousse ses membres à aller dans son sens. Parce que l'«on a toujours fait ainsi» (ce qui est d'ailleurs incorrect, par le passé de nombreux hommes travaillaient de manière bien plus polyvalente et plus libre qu'aujourd'hui) ; et aussi parce que le système scolaire pousse à la spécialisation. L'école pousse les élèves à favoriser un domaine au détriment des autres, ce qui n'est pas idéal : un élève peut très bien s'intéresser à la physique tout en appréciant le travail du bois. Or le système actuel ne le permet pas : pour étudier la physique, cet élève devra fréquenter le collège et devra pour ce faire renoncer à ses talents d'artisan. Si par contre il choisit la voie d'un apprentissage chez un ébéniste, il lui sera difficile d'approfondir ses connaissances scientifiques. Une autre élève, fascinée par le monde des chemins de fer, décide de s'engager sur cette voie et de suivre une formation de pilote de locomotive. En quittant l'école, elle n'aura jamais eu l'occasion de découvrir la philosophie, qui aurait pourtant certainement pu la passionner ; elle aura donc été forcée d'y renoncer de par sa formation professionnelle, et non par désintérêt pour la philosophie.

    Que faire direz-vous… il est vrai que changer la société n'est pas une chose facile. Le plus important est de revoir notre façon de penser et surtout de convaincre le plus de monde possible d'en faire autant : sans changement des mentalités, il est très difficile de sortir de ce système.  Il faut désacraliser l'emploi et oser sortir du cadre économique. Travaillons d'abord pour nous-mêmes, nos familles et nos amis. Ce que nous faisons nous-mêmes ne rapporte certes pas de salaire, mais c'est autant de travail que nous n'aurons pas à monnayer à d'autres. Il faut oser imaginer d'autres manières d'organiser le travail : s'associer plutôt que de travailler pour un employeur, proposer ses services à son entourage… Et surtout, redécouvrir la gratuité : il faut en finir avec la pensée du «tout travail mérite salaire» et limiter autant que possible la monétisation de notre quotidien.

    Le monde reste à réinventer…


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