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  • Le maitre gouta les cent-vingt-trois ognons douçâtres de la boite exigüe.

    Le maître goûta les cent vingt-trois oignons douceâtres de la boîte exiguë.

    ...

    Quelle version préférez-vous ?

    Personnellement, c'est la première que je préfère.

    Vous allez me dire : mais c'est plein de fautes d'orthographe ! Ben... non. C'est simplement une nouvelle orthographe. Plus si nouvelle que ça, d'ailleurs : ces rectifications orthographiques ont été acceptées par l'Académie Française il y a plus de vingt-cinq ans, le 6 décembre 1990. Votre serviteur n'était même pas né...

    À l'école, j'ai appris les deux versions, l'ancienne et la nouvelle orthographe. J'ai toujours préféré la nouvelle, car les mots dont l'orthographe a changé me semblent plus logiques, moins archaïques que leurs équivalents de la précédente orthographe de 1935. Aussi, le texte que vous lisez en ce moment est écrit (sauf erreur de ma part) selon les règles de 1990.

    Je suis certain que vous avez de la peine à me croire. Vous pensez, comme beaucoup de gens, que cette réforme est un scandale, qu'elle dénature et enlaidit la belle langue française dont vous êtes si fiers, qu'elle permet plein d'orthographes différentes pour un même mot, qu'elle abolit l'usage de l'accent circonflexe... eh bien c'est le moment de vous détromper.

    Il y a quelques temps, j'ai été stupéfait de constater la pluie de réactions, sur le web francophone et ailleurs, qu'a causé l'annonce que les manuels scolaires en usage en France dès la rentrée prochaine allaient être rédigés selon cette fameuse orthographe de 1990. À lire bon nombre de commentaires, s'il y a bien une chose qui est certaine, c'est que 90% des gens au moins ne se sont jamais penchés sur le sujet !

    Déjà, une orthographe, c'est quoi ? Une norme qui détermine la façon «officielle» d'écrire. Je dis bien «officielle» et non «correcte», car à mon sens il n'y a aucune raison légitime qui fasse qu'une orthographe soit plus correcte qu'une autre. Si contrairement à certains je ne suis pas du genre à me hérisser le poil en lisant des «fautes d'orthographe», je trouve tout de même que le fait d'avoir une norme écrite commune est bien pratique, pour des raisons évidentes de compréhension.

    Du moment que l'on se met d'accord sur une norme écrite, j'estime que celle-ci doit être faite pour nous rendre service et non pas pour nous compliquer la vie. De ce fait, une simplification et une suppression des aberrations de l'orthographe du français est une initiative plus que louable. Selon moi, à quelques exceptions près, les rectifications de 1990 vont dans le bon sens. Exemples :

    * Suppression de la plupart des û et des î

    Certainement la modification qui fait le plus parler d'elle, beaucoup de gens croyant à tort que tous les accents circonflexes sont concernés. La règle de base est simple : tout accent circonflexe sur u ou i qui ne sert pas à distinguer deux homonymes (p. ex. du/dû, mur/mûr) est supprimé. On écrit donc flute, aout, maitre, boite, mais «Es-tu sûr que ce fruit est mûr ? Oui, contrairement à ceux sur le mur qui ne sont pas murs.». Vous conviendrez qu'un circonflexe sur u ou i n'a aucune utilité (hors distinction des homonymes), il ne change en rien la prononciation de la lettre, contrairement à ê, â et ô. Personnellement j'estime que l'on devrait aller jusqu'au bout dans cette voie et supprimer carrément tous les û et î, les homonymes se distingant aisément selon le contexte.

    * Traits d'union généralisés pour les nombres

    Règle absolument triviale qui remplace une autre pour le moins étrange, qui voulait que l'on écrive quarante-deux, quantre cent quarante-deux et quarante-deux mille quatre cent quarante-deux. Dorénavant on écrit quatre-cent-quarante-deux et quarante-deux-mille-quatre-cent-quarante-deux. Logique, non ?

    * Remplacement de par üe

    On écrit p. ex. aigüe au lieu de aiguë. Parfaitement logique, vu que c'est le u qui se prononce et non le e.

    Plusieurs nouvelles règles du même genre accompagnent celles-ci, ainsi que de nombreuses rectifications isolées (p. ex. ognon au lieu de oignon), je vous laisse le plaisir de les découvrir par vous-mêmes sur le site dédié : http://orthographe-recommandee.info/

    Vous l'aurez compris, ces nouveautés ne sont pas pour me déplaire, et je considère que l'on devrait poursuivre bien plus loin dans cette voie, l'orthographe du français étant souvent capricieuse et illogique... presque autant que celle de l'anglais !


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  • En cette période de campagne électorale en Suisse, il est une question que nombre d'entre vous allez vous poser : vais-je aller voter ou non ? Question judicieuse s'il en est, surtout si vos opinions politiques sont assez proches de celles de l'auteur...

    Comme vous le savez certainement, on oppose généralement démocratie directe et démocratie représentative ou parlementaire. La frontière entre les deux peut parfois paraitre un peu floue, cela essentiellement du fait que beaucoup de systèmes politique représentatifs se réclament à tort de la démocratie directe, ou parfois d'une démocratie « semi-directe ». Une véritable démocratie directe est un système dans lequel les citoyens exercent pleinement leur souveraineté, sans déléguer celle-ci à des représentants élus.

    Parmi les partisans d'un tel système, dont je suis, une majorité prône l'abstention systématique lors d'élections parlementaires ou gouvernementales. Cela est aisément compréhensible : il est à première vue évident de refuser d'élire des gens dont on refuse l'autorité. Toutefois, tout en partageant l'idéal de démocratie directe, je considère pour ma part qu'il est sensé et même très souhaitable de participer aux élections, afin de pouvoir réaliser cet idéal.

    Nous faisons ici face à une grande question que peuvent et qu'ont pu se poser tous ceux qui se trouvent en désaccord avec la société dans laquelle ils vivent : rester ou sortir ? Autrement dit, vaut-il mieux quitter une société mauvaise pour en reconstruire une meilleure en dehors de celle-ci ou faut-il tenter de modifier cette société de l'intérieur ? On oppose généralement ces deux approches, et pourtant je ne vois pas en quoi elles sont incompatibles. On peut très bien construire des alternatives en dehors de ce qui existe déjà, sans pour autant abandonner l'existant à une libre dérive qui risque bien de le mener à sa perte.

    En effet, si les personnes aspirant à une société démocratique et égalitaire refusent de participer au système politique d'une société qui ne l'est pas vraiment, elles vont précisément contribuer au renforcement des tendances qui leur sont opposées. Les mouvances nationalistes, capitalistes et xénophobes se satisfont pleinement du système politique actuel qui leur est favorable. Si aucune réelle opposition ne leur est faite sur leur propre terrain, le pouvoir de celles-ci ne va cesser de grandir et les effets négatifs ne tarderont pas à se faire sentir sur l'ensemble de la société (privatisations, fermeture des frontières, répression policière, ...). Au contraire, certains courants politiques, sans pour autant viser l'abolition de l'autorité ou du système marchand, se montrent beaucoup plus ouverts face aux cultures dites « alternatives », font preuve de beaucoup plus de respect des différences, sont généralement partisans de la non-violence et se montrent soucieux du respect de l'environnement.

    Aussi, les institutions étatiques étant bel et bien là, et même si je préfèrerais une organisation sociale radicalement différente, j'estime nettement préférable qu'elles soient dirigées par des gens du type cité précédemment, plutôt que par les partisans du capitalisme effréné et de la répression à tout va. Vous me direz, mais pourquoi ne pas directement renverser le système et mettre en place une organisation meilleure ? Le problème est simple : un tel ordre social ne peut fonctionner sans qu'un nombre conséquent de personnes y adhèrent. Or ce n'est malheureusement pas le cas aujourd'hui. Beaucoup se satisfont des avantages que le système consumériste leur apporte et ne voient pas la nécessité d'un changement. Même parmi les plus défavorisés, nombreux sont ceux qui, devant notamment l'échec du « communisme » soviétique (qui, cela dit, n'était pas un échec dans tous les domaines), se résignent à croire qu'il n'y a pas de meilleure alternative au système actuel.

    Alors, si vous hésitez encore, je vous dis : oui, allez voter ! Faute d'avoir changé le monde comme certains pourraient tenter de vous le faire croire, vous aurez au moins contribué à freiner la spirale infernale dans laquelle semble toujours entrer ce système à chaque nouvelle crise. Si ce n'est pour vous, faites-le au moins pour ceux qui n'ont pas envie d'avoir à lutter toujours plus contre une société toujours plus inhumaine...


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  • Face à l'afflux de réfugiés fuyant la guerre et la dictature au Proche-Orient, l'Europe se barricade. Et lorsque je parle de barricades, n'y cherchez pas une quelconque métaphore : il s'agit bien de solides barrières qui commencent à s'élever aux frontières extérieures de l'UE.

    Vingt six ans plus tôt, en mai 1989, la Hongrie était le premier pays à démanteler le rideau de fer qui séparait alors Est et Ouest. Ironie de l'histoire, aujourd'hui la même Hongrie est la première à reconstruire des barrières en plein milieu de l'Europe. C'est une clôture haute de quatre mètres qui est en cours de construction sur les 175 km de frontière avec la Serbie…

    L'Union a presque aboli ses frontières intérieures, mais cette évolution s'est accompagnée et s'accompagne de plus en plus du renforcement des frontières extérieures. La Grèce et la Bulgarie ont déjà construit des « murs » similaires à leur frontières avec la Turquie, l'Espagne a fait de même autour de ses exclaves sur la côte marocaine.

    Aux frontières de l'UE où la pression migratoire n'est pas trop forte, par exemple les frontières orientales avec la Russie, il n'est pour l'instant pas question de clôtures mais les contrôles se sont largement renforcés depuis l'entrée des pays concernés dans l'Espace Schengen. En résulte naturellement une situation assez gênante pour les populations vivant dans les zones frontalières.

    Pour revenir à la situation en Hongrie, voici comment le président Viktor Orbán justifie ce blocus :

    « Il existe un lien clair entre les immigrants illégaux qui viennent en Europe et l’augmentation du terrorisme. C’est évident pour les pays anglo-saxons, mais les autres le nient. Et nous ne pouvons bien-sûr pas exfiltrer les terroristes de cette gigantesque foule. »

    La montée du terrorisme en Europe ne doit pas plus aux immigrés illégaux qu'aux immigrés légaux et encore moins qu'à l'endoctrinement de la population résidente par des fanatiques (essentiellement islamistes), via internet notamment. Les fanatiques en question, s'ils souhaitent venir en Europe, choisiront à coup sûr une voie bien plus rapide et confortable, car ces gaillards-là ne sont pas de pauvres gens sans le sou…

    Alors, oui, il faut lutter contre le terrorisme, mais cette lutte doit se faire non pas en devenant paranoïaque comme semblent le devenir de plus en plus de gens dans le monde occidental, mais en combattant le mal à sa source. Comme il nous sera difficile de démanteler les réseaux terroristes internationaux, il faut éviter à tout prix que des gens rejoignent ces milieux, ce qui passe par de la prévention mais surtout par plus de solidarité envers les classes défavorisées. La misère est la voie royale vers la violence, surtout dans une société inégalitaire. Il est plus que jamais nécessaire de ne laisser personne au bord du chemin.

    Pas de sécurité sans solidarité, cela me semble évident, mais visiblement ce n'est pas l'avis de tout le monde sur ce continent. Peut-être ceux-là sont-ils nostalgiques du grand rideau de fer…


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  • 1945… Plus jamais ça qu'on se disait. Il fallait construire une Europe nouvelle, une Europe unie…

    1990… Fin d'une longue époque de confrontation stérile. La grande Allemagne renait. Le rêve européen se concrétise…

    2015… L'union ne fonctionne pas comme prévu. On se plait à accuser le grand méchant loup allemand…

    La crise du système financier et ses conséquences est l'occasion rêvée pour certains de ressortir leurs vieilles rancunes à l'égard de l'Allemagne. À entendre certaines déclarations, je crois que tous n'ont pas encore tiré les leçons de toutes les guerres des XIXe et XXe siècles.

    Le nom qui me vient immédiatement à l'esprit dans cette catégorie est celui de Jean-Luc Mélenchon. Médiatique, rassembleur, l'homme fort du Parti de Gauche français ne mâche pas ses mots. Peut-être devrait-il toutefois y réfléchir à deux fois de temps à autres… Pour lui, le problème numéro un de l'UE, c'est l'Allemagne. Le titre de son dernier livre ? « Le hareng de Bismarck (le poison allemand) »…

    Un petit détour sur son blog (http://jean-luc-melenchon.fr) et j'y lis ceci : « Tsipras a cru bien faire en acceptant les humiliations dictées sous le fouet du « gouvernement-allemand-de-droite-CDU-CSU-et-du-PS » que, par confort de langage et respect pour la patience de qui me lit je nommerai « gouvernement allemand » ou « Merkel » ou « Schaüble ». Je fais cette précision dans l’espoir de ne pas brutaliser les oreilles délicates de Cécile Duflot pour qui l’Allemagne éternelle et intemporelle « n’est pas notre ennemie » davantage que je ne suis son ami. »

    Comprenez-y ce que vous souhaitez…

    Pour ma part je ne supporte pas d'entendre ces agitateurs politiques accuser encore et toujours l'Allemagne d'être responsable de tous les maux au sein de l'UE. Certes, l'Allemagne est le plus gros poisson au sein de l'Union, et Angela Merkel a un poids très important dans la politique internationale, mais il est un peu facile de résumer la situation à un gros méchant et des pauvres victimes.

    Je suis loin, très loin d'approuver la politique du gouvernement de la RFA et je me joins aux critiques à son égard. Mais est-ce pour autant que les autres soient meilleurs ? Le gouvernement prétendument socialiste de François Hollande s'est-il opposé de quelque manière, par exemple dans le cas de la crise grecque, aux mesures imposées au peuple grec ? Les gouvernements néerlandais, espagnol, irlandais, finlandais ou autres se sont-ils comportés différemment ? Certes, ils sont moins bavards qu'Angela Merkel, mais leur politique est la même.

    Alexis Tsipras, que l'on croyait véritable homme de gauche au service de son peuple, a cédé face aux grands capitalistes. Le seul moyen d'éviter ce « Grexit » tant redouté, qu'il disait. Mais une sortie de la Grèce de la zone Euro aurait-elle eu de pires conséquences que de nouvelles mesures d'austérité ? À vrai dire, j'en doute fortement. Mr Tsipras et ses collègues n'ont pas osé imaginer une autre voie que celle de rester dans la zone Euro. Pourquoi ? Était-ce être au service de son peuple que d'accepter des mesures d'austérité auxquelles lui-même ne croyait pas ?

    Alors oui, c'est facile d'accuser l'Allemagne d'être le responsable de la crise grecque alors que personne n'a vraiment fait quelque chose pour s'opposer à la politique de Mme Merkel. Oui, ça fait du bien à son égo de dire que nous sommes les gentils et qu'ils sont les méchants. De toujours reporter la faute sur l'étranger, celui que l'on n'aime pas. Mais cela, c'est de la politique de bas étage, du populisme électoraliste. Qui ne dit mot consent, chers politiciens. Attaquez-vous déjà à vos propres gouvernements avant de vous occuper de l'Allemagne, plutôt que de lancer des boutades aux relents germanophobes dignes des années 1930…

    Peut-être faudrait-il également rappeler à certains que l'UE est un regroupement volontaire de différents États européens, que si l'on n'est pas prêt à accepter que l'Allemagne, de par sa démographie, y ait un poids considérable, mieux valait peut-être ne pas y adhérer. Et pour ceux qui traitent l'Allemagne d'impérialiste, je vous rappelle qu'une clause de retrait de l'union existe et que chaque membre est libre de l'utiliser s'il le souhaite. À bon entendeur.

    La démocratie représentative, c'est cela, mes chers : les plus forts ont toujours raison. Si vous n'osez pas imaginer un autre système, il faudra vous y plier…


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  • Il fut un temps où les partis sociaux-démocrates et écologistes avaient l'ambition de changer la société. Sans avoir les ambitions révolutionnaires que les communistes ou les anarchistes pouvaient nourrir, ces partis dits de gauche croyaient en un système où la société ne serait pas guidée par les marchés financiers et osaient passer à l'offensive pour réclamer des avancées sociales. Lointaine époque désormais. L'effondrement des systèmes marxistes-léninistes a persuadé l'Europe qu'il ne pouvait y avoir d'alternative au capitalisme. Les grands partis de gauche n'ont pas échappé à ce tsunami néolibéral. Pas plus tard qu'hier, je lisais dans un journal une déclaration de la présidente des Verts suisses, Mme Adèle Thorens, déclaration illustrant à merveille la politique des Verts d'aujourd'hui :

    « Nous devons encore lutter contre le préjugé prégnant d'une large frange de la population pour qui l'écologie est synonyme de danger pour l'économie. »

    La messe est dite. Oubliez ces écologistes baba-cools des années 1970 qui critiquaient le système économique. Les Verts d'aujourd'hui cherchent à froisser le moins possible les milieux économiques. Le capitalisme vert, les « green techs » voilà la solution selon eux. La décroissance ? Mais non, voyons, ce serait contre-productif, l'idéal est le développement durable…

    Qu'on ne me présente plus les Verts comme porteurs d'une autre vision de la société !

    Une autre belle illustration de cette trahison de la gauche traditionnelle se trouve sur le site internet du parti social-démocrate d'Allemagne (SPD), https://www.spd.de/. J'y lis en grand sur la page d'accueil »Mehr Zeit für Familien - Entspannt durch das alltägliche Chaos«, ce que l'on peut traduire par « Plus de temps pour les familles - Détendu parmi le chaos quotidien ». Je trouve ces quelques mots magnifiques tellement ils sont révélateurs. Quoi de plus explicite ? Détendu parmi le chaos quotidien… le parti ne cherche même pas à mettre de l'ordre dans ce chaos, mais simplement à le masquer.

    Quelle résignation ! Masquer les problèmes au lieu de chercher à les résoudre, j'appelle cela du socialisme de façade.

    J'espère qu'après cela vous ne considèrerez plus les partis sociaux-démocrates et apparentés comme porteurs d'une alternative sociale et économique. Pourtant nombre de personnes votent encore pour ceux-ci en croyant que la politique va changer. Une fois déçus, ils votent pour l'extrême droite…


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  • Je ne sais pas si vous avez remarqué l'obstination dont font preuve certains milieux à vouloir instaurer des quotas féminins. Concrètement, ces gens souhaitent obliger les gouvernements et parlements, mais aussi les conseils d'administration des grandes entreprises privées, à comporter au minimum 40% de femmes.

    L'objectif électoraliste est à peine dissimulé : il ne fait aucun doute, les partis politiques cherchent s'attirer les voix d'un électorat féminin.

    Il faut avouer l'inutilité concrète de la mesure : qu'une entreprise, une commune ou un pays soient administrés par des hommes ou des femmes, je ne vois pas en quoi cela pourrait changer la politique qui y est faite. Il me semble que les opinions politico-philosophico-religieuses ne sont pas physiquement déterminées chez une personne et qu'on rencontre des hommes comme des femmes de tous bords et de tous idéaux.

    N'est-ce pas là du pur sexisme ? Si quelqu'un venait à demander une mesure similaire dans le sens opposé, par exemple contraindre les écoles publiques de composer leur corps enseignant d'au minimum 40% d'hommes, je suis certain que les mêmes qui réclament des quotas féminins crieraient au scandale. Nous ne sommes pas du tout dans un esprit d'égalité mais d'opposition entre les deux sexes, c'est aberrant. Une fonction devrait être assumée par une personne compétente en la matière, et cela peu importe son sexe. La couleur de peau ne rentre pas en compte lors de l'attribution d'un poste, je ne vois pas au nom de quoi le fait d'être une femme ou un homme devrait l'être ?

    Il est incontestable que nombre de femmes sont aujourd'hui encore victimes d'injustices de traitement face à des hommes, ce qui est intolérable à notre époque. Des quotas seraient justement contre-productifs, car ils masqueraient cette inégalité, ancrée bien plus profondément dans la société. Ce genre de mesures sert simplement à donner l'impression que l'égalité est enfin réalisée, alors qu'il n'en est rien.

    Je trouve que cet exemple en dit très long sur l'état d'esprit dominant dans cette société où l'on est d'accord que ça ne va pas mais où la plupart préfère toujours contourner le problème…

    Ce n'est pas par des retouches cosmétiques que l'on change les mœurs. À quand des quotas de blonds ?


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  • Tiens, cette tête me dit quelque chose…

    Eh, mais n'est-ce pas là ce cher Nicolas qui nous fait son retour en sauveur providentiel ?

    Mais oui, c'est bien lui, Nicolas Sarkozy en personne, celui-là même qui, en 2012, déclarait abandonner définitivement la politique en cas de défaite à l'élection présidentielle. Il a osé revenir, le bougre, et pas par la petite porte.

    Pour commencer en beauté, tant qu'à faire, il a changé le nom de son parti. Histoire de donner l'impression qu'il y a quelque chose de nouveau, alors que ce sont les mêmes avec les mêmes idéaux ; mais le nouveau, ça marche, ça fait vendre, et surtout ça fait parler de lui.

    Adieu donc l'Union pour un mouvement populaire (UMP) et bonjour « Les Républicains ». Rendons à César ce qui est à César, il y a du progrès au niveau de la terminologie. Certes, on ne sait toujours pas plus ce qu'ils veulent, la quasi-totalité des partis politiques français se réclamant du système républicain, mais tout au moins ça veut enfin dire quelque chose.

    Je me suis donc amusé à visiter leur nouveau site internet : http://www.republicains.fr/

    Premier constat : le mouvement joue sur la fibre nationaliste. Je suis accueilli par une véritable forêt de drapeaux tricolores.

    Juste après, je suis plutôt surpris de la phrase censée interpeler le visiteur : « Je veux l'alternance ! ». L'alternance ? Mais pourquoi l'alternance ? Par alternance je comprends le basculement périodique de la majorité parlementaire de gauche à droite et vice-versa. L'objectif de ce mouvement politique n'est donc pas d'arriver au pouvoir et d'y rester ? En suivant leur logique, ils ne revendiquent pas le changement mais simplement le droit à leur tour au pouvoir (et ensuite ce serait à nouveau le tour des opposants). Ce n'est certainement pas en se basant sur un principe d'alternance que l'on fait avancer les choses.

    Ensuite, pour m'amuser un peu, j'ai cliqué sur l'onglet « Valeurs ». J'avoue que j'ai bien ri en lisant leur définition du concept de « république » :

    « la République, ce miracle par lequel tant d’hommes dans le monde qui se sont endormis sujets, se sont réveillés citoyens, parce que ce mot signifie pour eux une certaine idée de l’Homme, une exigence qui fait passer les devoirs avant les droits, un « non » catégorique à toutes les formes d’asservissement, et à tout ce qui porte atteinte à l’égale dignité de la femme, de l’homme et de l’enfant »

    N'y a-t-il pas là une sorte de contradiction entre faire passer les devoirs avant les droits et en même temps s'opposer à toutes les formes d'asservissement ? J'appelle cela de l'asservissement que de voir ses droits relégués au second plan… D'ailleurs je lis juste après « Républicains, c’est le nom de celles et de ceux […] qui veulent vivre debout, de leur intelligence, de leur travail, de leur mérite sans être redevable à personne. ». Si je résume, ces gens souhaitent donc que chacun ait des devoirs qui passent avant ses droits mais en même temps ne soit redevable à personne ? Enfin, je ne sais pas, mais je trouve tout de même qu'il y a quelque chose de louche là-dedans.

    En revenant à des choses plus sérieuses, on apprend que le mouvement défend des idéaux de travail, de mérite et d'autorité. Il n'y a pas de doute, on est bien à droite. On n'est même pas bien loin du fameux « Travail, famille, patrie » du régime de Vichy, ne trouvez-vous pas ? Au moins, reconnaissons-le, ce parti ne joue pas sur la fibre populiste en prétendant défendre les plus faibles et les oubliés du système.

    Par contre, je n'ai pas vraiment compris ce que vient faire cette affirmation là-dedans :

    « Républicains, c’est ainsi que se nomment celles et ceux pour qui le combat contre le fanatisme et l’intégrisme, contre l’obscurantisme et la déraison, contre la barbarie et la sauvagerie qui menacent toute forme de civilisation dans le monde, est au-delà de la droite et de la gauche. »

    Si je suis parfaitement d'accord sur le fait que le combat contre le fanatisme et l'intégrisme n'a rien à voir avec le clivage gauche/droite, cette phrase est plutôt incongrue : le mouvement avoue ainsi qu'il n'est pas seul à pouvoir revendiquer son nom ! Étrange, non ?

    Ceci dit, j'ai été très surpris de ne pas trouver le moindre programme politique ! En effet, à part ces longues et belles phrases pleines d'idéaux rassembleurs, il n'y a aucune proposition concrète, aucune solution, rien. Tout compte fait, ce n'est pas bien différent du PLR suisse…

    Voilà donc notre monarque détrôné bien fidèle à lui-même, cherchant à rassembler les troupes derrière lui avec de belles déclarations sans vraiment chercher à changer grand chose. Espérons que les citoyens qui se rendront aux urnes dans deux ans ne se laisseront pas séduire si facilement.

    Nicolas Ier, bientôt un second règne ? Si seulement les gens pouvaient enfin se convaincre qu'il existe d'autres options que l'alternance ou le statu quo…


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  • L'avenir du rail en Suisse est sous terre.

    C'est du mois ce que prétend Michel Béguelin, ancien conseiller aux États (http://www.rts.ch/info/suisse/6751028-l-avenir-du-rail-en-suisse-est-sous-terre.html).

    Son raisonnement est clair comme de l'eau de source et peut se résumer ainsi :

    1) Les infrastructures tant routières que ferroviaires sont saturées, donc il faut les agrandir

    2.1) Pour ce faire, il faut effectuer des travaux qui vont gêner les usagers pendant de longues années

    2.2) On manque de place pour construire de nouvelles infrastructures

    2.3) On ne peu pas « laisser des toiles d'araignée d'infrastructures à nos enfants »

    3) La solution est donc de mettre le chemin de fer sous terre

    C'est là une réflexion tout à fait logique sur laquelle je n'ai rien à redire, si ce n'est que je ne suis pas d'accord avec le point 1…

    Voilà le cas typique de quelqu'un qui ne voit qu'une seule solution pour résoudre un problème parce qu'il ne remet pas en cause les origines de ce problème.

    Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais pour ma part j'estime préférable de remettre en question la croissance démesurée des déplacements pendulaires (et surtout les causes de ces déplacements) que de me retrouver à devoir voyager sous terre. Ces gens n'éprouvent-ils donc aucun plaisir à admirer les couleurs d'un paysage qui défile ?


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  • Nous sommes nombreux à critiquer nos sociétés trop individualistes où la plupart des gens vivent loin de la nature. Cependant, combien d'entre nous serions prêts à opter pour un mode de vie très différent, quitte à vivre un peu à l'écart du reste de la société ?

    Depuis 1973, c'est la voie que les membres des coopératives Longo Maï ont choisi. Ces communautés sont installées dans des régions agricoles reculées dont elles font revivre les terres qui leur fournissent ainsi l'essentiel de leur subsistance. Chacune de ces coopératives vise un niveau d'autosuffisance élevé, aussi leur agriculture (biologique) se situe aux antipodes des monocultures dont les dégâts ne sont plus à présenter. Leurs activités ne se limitent pas à l'agriculture et à l'élevage : l'artisanat joue également un rôle important.

    Tout en étant quelque peu isolés de la société (ces fermes sont situées en dehors des villages), les gens qui y vivent profitent d'une véritable vie communautaire : tous les membres vivent ensemble, travaillent ensemble et partagent les mêmes biens. L'argent est quant à lui placé dans une caisse commune et ne sert qu'aux échanges commerciaux avec l'extérieur ; personne ne touche de salaire. Il ne faut pas croire toutefois que ces gens vivent dans un système refermé sur lui-même : les communautés ont de nombreux échanges avec les villages alentour et les agriculteurs de la région, et les enfants fréquentent les écoles publiques.

    À contre-courant de la tendance mondiale à la concentration urbaine qui, paradoxalement, distancie et isole les individus, l'idée d'une vie plus solidaire et plus proche de la nature séduit quelques uns. Si un tel mode de vie ne peut assurément pas convenir à tous, l'idée mérite d'être mieux connue.

    Serez-vous le prochain à rejoindre l'une de ces communautés ? En tous les cas, n'hésitez pas à en apprendre plus en visitant le site internet de Pro Longo Maï. Mieux encore, si vous en avez l'occasion, ne vous privez pas d'une visite à la communauté du Montois (Jura).


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  • Le 11 mars 2011, le Japon vivait le deuxième véritable accident nucléaire de l'histoire.

    Beaucoup d'encre a coulé autour de l'atome en cette année-là. La Suisse et l'Allemagne ont même proclamé solennellement leur volonté de s'affranchir de cette source d'énergie.

    Mais depuis ? Qu'est-ce qui a changé ? Nos centrales atomiques sont toujours là et on continue à en construire de nouvelles de part le monde. On compte en Chine plus d'une vingtaine de centrales en construction…

    En Suisse ? On parle de sortie du nucléaire pour 2034… c'est loin. Je m'imagine déjà tous les prétextes que nos compagnies électriques vont avancer pour repousser sans fin l'échéance.

    C'est toujours pareil… il y a un grosse catastrophe, tout le monde en parle et prend de bonnes résolutions ; quelques années passent et tout le monde a déjà oublié.

    Car ce n'est pas parce que ça n'explose pas et que ça n'émet pas de CO2 qu'il n'y a pas de problème, ne l'oublions pas. Nos décideurs savent-ils d'où vient l'uranium utilisé dans ces centrales ? Ont-ils une idée des dégâts causés par son extraction ? Sans parler des tonnes de déchets nocifs dont on ne sait que faire.

    Certains décideurs n'en ont réellement aucune idée. D'autres le savent mais s'en moquent bien, c'est bien trop loin de chez eux pour qu'ils se sentent concernés. Comment peut-on faire confiance à de telles personnes ? En même temps, pourquoi changeraient-ils d'avis ? Le peuple ne se plaint pas et fait confiance, comme toujours.

    Trêve de bavardages. Si vous voulez au moins avoir le sentiment d'être utile, faute de parvenir à fermer vos centrales nucléaires, personne ne vous empêche de signer la pétition en faveur d'une politique climatique équitable : http://www.klima-allianz.ch/fr/


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  • Quoi ? Cinq francs le litre d'essence !

    Oui, vous avez bien lu. Non, ce chiffre brandi par les opposants à l'initiative proposant d'introduire une taxe sur les énergies non renouvelables en lieu et place de la TVA n'est certainement pas exagéré. C'est ce qui attend vraisemblablement les automobilistes de ce pays si l'initiative est acceptée.

    Et pourtant, j'accorderai mon oui à cette initiative. Mais pourquoi donc ?

    Avant tout, regardons plus exactement de quoi il est question :

    Aujourd'hui, en Suisse comme partout ailleurs en Europe, est en vigueur le système de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Cela signifie que si quelqu'un, qu'il s'agisse d'une entreprise ou de vous et moi, achète des courges à un marchand ou paye le plombier venu déboucher la baignoire, paye en plus une taxe à la Confédération (souvent sans même y songer car incluse dans la facture) : 8% en général, 2.5% pour certains biens «de base» (alimentation, livres, etc.). Cet argent, tout comme les impôts, sert à financer les diverses tâches de la Confédération (services publics, assurances sociales mais encore autoroutes ou armée) et constitue 35% des revenus fédéraux.

    L'initiative propose de supprimer cette taxe.

    En contrepartie, dans une perspective écologique, une taxe nouvelle serait introduite, taxe qui toucherait exclusivement les énergies non renouvelables (c'est à dire nucléaire, gaz, charbon, pétrole et dérivés) ainsi que l'énergie grise qui se cache derrière de nombreux produits. Cependant ces taxes devraient rapporter à la Confédération autant d'argent qu'en rapporte la TVA aujourd'hui. Naturellement, pour atteindre cet objectif, les taxes devront être très fortes. Cela implique que les prix de l'essence, du mazout, du gaz et, dans une moindre mesure, de l'électricité seront bien plus élevés qu'aujourd'hui.

    Certains prétendent que ce n'est pas aux pauvres citoyens que nous sommes de supporter les couts d'une transition vers d'autres énergies plus propres. Eh bien moi je prétends que si. Si, parce que le réchauffement climatique est bel et bien là et nous concerne tous, qu'on le veuille ou non. Et c'est bien nous, en circulant en voiture, en nous chauffant au gaz et en achetant des produits dont la fabrication et le transport sont polluants, qui contribuons au réchauffement planétaire. De plus, avec la suppression de la TVA, les prix de beaucoup de biens et services baisseront, donc au final nous ne payerons pas plus de taxes.

    D'autres diront que cette taxe, en remplissant son objectif de diminution de la consommation d'énergie non renouvelable, va en quelque sorte s'autodétruire, menant la Confédération et tout ce qui en dépend (AVS, AI, CFF, …) à des soucis financiers. Bien entendu qu'une telle taxe ne va pas assurer les recettes fédérales sur le long terme ! Seulement, il n'est pas interdit, une fois la taxe sur l'énergie ayant rempli son rôle, de la remplacer à nouveau par une TVA ou d'augmenter les impôts pour les plus fortunés (ce qui serait plus juste qu'une TVA qui s'applique à tous sans distinction).

    Par contre, tant que cette taxe sera en vigueur, elle devra pour générer suffisamment de revenus être augmentée au fur et à mesure que la consommation d'énergie polluante baissera, incitant de plus en plus les gens à se tourner vers d'autres sources d'énergie, et, mieux encore, à réduire leur consommation.

    De plus, l'essence devenant plus onéreuse, beaucoup de personnes n'habitant pas en zone urbaine risquent de se tourner plus fréquemment vers le train, ce qui générera d'autant plus de rentrées financières aux compagnies ferroviaires et leur permettra d'améliorer leur offre (meilleure desserte en zone rurale, nouvelles lignes, etc.).

    De même, la demande pour de nouveaux véhicules non polluants s'en trouvera grandie et les sociétés développant de tels véhicules ne seront plus soumis à la concurrence «déloyale» des automobiles roulant aux hydrocarbures.

    Pour couronner le tout, ne plus dépendre des sources d'énergie fossile assurerait un approvisionnement énergétique sans avoir à se plier aux conditions des mafieux qui détiennent les réserves de pétrole, de gaz et d'uranium.

    Définitivement, cette idée serait profitable à l'environnement mais aussi au plus grand nombre. Si cela fonctionne en Suisse, alors certainement que l'Europe et même d'autres s'en inspireront.

    Ce n'est pas souvent que nous sommes amenés à voter sur des initiatives réellement utiles à la société. Pour une fois que l'occasion s'en présente, il ne faut pas hésiter. Même s'il y a peu de chances que ce pays conservateur accepte une telle mesure, votons clairement OUI !

     

    Cela dit, vous trouverez dans la même enveloppe de votation une autre initiative nettement moins utile. Son objectif ? Réduire les impôts prioritairement pour les familles aisées, secondairement pour les familles moins aisées et pas du tout pour tous ceux n'ayant pas d'enfants. Cela n'est pas présenté ainsi mais c'est bien là de quoi il retourne. Même si une réduction d'impôts sonne bien au premier abord, ce seront autant de coupes dans les services publics, et surtout… un peu de justice, que diable ! Il n'y a pas lieu de favoriser les ménages ayant des enfants face aux autres, et encore moins d'offrir des cadeaux aux riches.


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  • http://www.rts.ch/info/monde/6460417-pour-le-pape-la-liberte-d-expression-n-autorise-pas-a-insulter-la-foi-d-autrui.html

    Interrogé sur la liberté d'expression des caricaturistes contre les religions, après l'attentat djihadiste contre l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, le pape François a déclaré: "On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision".

    "Chacun a non seulement la liberté, le droit, mais aussi l'obligation de dire ce qu'il pense pour aider au bien commun. Il est légitime d'user de cette liberté mais sans offenser", a-t-il insisté. Car "si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s'attendre à un coup de poing, et c'est normal".

    "Il y a tant de gens qui parlent mal des autres religions, les tournent en dérision, font un jouet de la religion des autres: ce sont des gens qui provoquent", a argumenté François. Mais tuer au nom de Dieu "est une aberration" et "il faut croire avec liberté, sans offenser, sans imposer, ni tuer", a-t-il insisté.

     

     

    Mon cher François,

     

    Permets-moi, si tu le veux bien, de te répondre de mon point de vue de pauvre mécréant provocateur.

    Tu prétends qu'il est du droit et même du devoir de chacun de dire ce qu'il pense. À ce niveau-là, je suis tout à fait d'accord avec toi, d'ailleurs je ne manque pas de faire savoir mon avis lorsque l'occasion m'en est donnée, bien que quelque fois je préfère me taire. Dans certains cas j'estime qu'il vaut mieux maintenir de bonnes relations plutôt que de clamer ouvertement mes positions qui risqueraient fort d'en déranger quelques uns…

    Seulement, il y a comme une sorte de contradiction dans ton discours : ainsi selon toi chacun a l'obligation de dire ce qu'il pense, soit, mais ensuite tu t'étonnes que tant de gens parlent mal des autres religions. Peut-être est-il pour toi inconcevable que ce que quelqu'un pense d'une religion soit mal, mais dans ce cas je suis bien désolé de t'apprendre qu'il en va ainsi pour beaucoup de personnes, à commencer par moi-même. Dans ce cas tu comprendras aisément que, pour quelqu'un considérant une certaine foi comme ridicule, dire ce qu'il pense (ce qui aide au bien commun selon toi) consiste précisément à la tourner en dérision. Dire ce que l'on pense ou ne pas offenser les autres, il faut bel et bien souvent choisir ; les dessinateurs de Charlie Hebdo ont fait leur choix, malheureusement certains n'ont pas respecté cette liberté de choix, et ces dessinateurs l'ont payé de leur vie.

    Ce dont tu ne te rends peut-être pas compte, c'est que même une personne telle que toi se voulant gentille et bienfaisante (je n'ai aucun doute concernant tes motivations) offense régulièrement d'autres personnes. Mais oui, lorsque je te lis prétendre que les femmes et les hommes ont par nature des rôles différents, que le mariage est «le socle de la famille et la cellule de la société», et que je te vois t'opposer à accorder des droits aux homosexuels, cela m'offense. Oui, je considère ça comme une provocation envers ceux qui, comme moi, ont des croyances et une morale différente. Mais après, ce n'est pas pour autant que je vais venir te faire du mal ni à tes confrères.

    Cela dit, je suis heureux d'apprendre que tuer au nom de Dieu est selon toi un acte condamnable, et je suis autant désolé que toi de constater que ce n'est pas là l'opinion partagée par nombre de personnes tout au long de l'histoire.

    Mis à part cela, lorsque tu parles de ta mère, si tu fais référence à l'Église Catholique, sache que j'en ai déjà dit du mal à de nombreuses reprises, et que je continuerai certainement à le faire. Je suis désormais prévenu : je suis en droit de m'attendre à un coup de poing… qui ne serait pas très chrétien de ta part, avoue-le.

    Sur ce, je te souhaite une bonne soirée, cher ami qui aime tout comme moi traiter de grandes questions philosophiques.

     

    Au plaisir d'entendre de tes nouvelles…

    Ton dévoué J. M.

     

    P.S. Prends garde à ne pas trop te ridiculiser tout de même, certains dessinateurs de Charlie Hebdo sont toujours à l'affut…

     


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  • Attirer chez soi les plus riches ? À en entendre certains, il s'agit là d'une attitude tout à fait honnête et profitable au plus grand nombre. L'argent que dépensent les multimillionnaires en exil fiscal bénéficie à tous les habitants de la région, ce qui justifie des privilèges fiscaux en leur faveur. C'est du moins ce que prétend une bonne partie de la classe politique suisse.

    Un forfait fiscal, c'est quoi exactement ? C'est le régime d'imposition s'appliquant, dans la plupart des cantons suisses, aux personnes de nationalité étrangère résidant en Suisse mais n'y exerçant pas d'activité lucrative. Leurs impôts ne sont alors pas calculés en fonction de leurs revenus ni de leur fortune mais de leurs dépenses. Bien entendu, ces personnes payent ainsi bien moins d'impôts que si elles étaient soumises au système d'imposition ordinaire. L'intérêt pour la Suisse, attirer des riches dans le pays ; l'avantage pour les intéressés, payer moins que dans leur pays d'origine.

    Ça, c'était pour la théorie. Voyons maintenant les conséquences.

    Tout l'argent ainsi économisé par les exilés fiscaux manquera ailleurs, dans divers pays où il serait certainement plus utile que dans leur compte en banque. Je ne mets pas en doute que la présence de ces «jet-setters» en Suisse soit profitable à certains, et il est fort probable qu'une partie d'entre eux quittera le pays si leurs privilèges venaient à tomber. Mais, indépendamment de ce que ces forfaits fiscaux peuvent apporter de positif, est-ce acceptable de profiter ainsi de l'étranger ?

    Ces impôts qui ne sont pas perçus à l'étranger, si l'État veut gagner de l'argent, ce sont des gens comme vous et moi qui doivent les payer à leur place. Sinon, ce sont autant de coupes budgétaires, de licenciements et de réduction de prestations dans les services publics. Mais oui, les gouvernements étrangers ne sont pas bien différents de ceux d'ici, ils veulent gagner de l'argent et ils le prennent là où il se trouve. S'ils ont moins de rentrées fiscales, ce sont les gens d'en-bas qui trinquent, voilà tout.

    S'enrichir sur le dos de l'étranger en permettant aux grandes fortunes d'échapper à la redistribution sociale, je ne trouve pas ça très correct. C'est le genre de choses à vous donner honte d'habiter dans ce pays. Mais si vous trouvez cela normal, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? À moins que vous ne soyez un de ces fervents défenseurs du sacro-saint fédéralisme ?

    Allons donc, cette Suisse, toujours le parfait modèle. Un brave petit pays qui promeut la démocratie et la paix dans le monde. Toujours en bonne forme, étonnamment… on dirait que les problèmes internationaux ne sont jamais que de légers nuages dans le ciel bleu helvétique. C'est facile quand on vole l'argent des autres. C'est facile de prétendre n'avoir de comptes à rendre à personne tout en permettant aux plus riches du monde entier d'échapper à une redistribution plus juste des richesses… et après on est fier de vanter les mérites de ce fameux modèle de réussite suisse. Si c'est cela la Suisse, eh bien il n'y a pas grande fierté à être suisse.

    Cela dit, attirer des riches chez soi n'amène pas que des avantages, loin de là. Ces gens occupent de grands terrains, font monter les prix de l'immobilier, monopolisent les beaux quartiers de nos villes et villages. Accessoirement, cela crée aussi beaucoup d'antipathie de la part de l'étranger. Mais c'est là une autre question.

    Ces bons vieux Suisses sont trop fermés sur eux-mêmes, contrairement aux coffres de leurs banques, et la démocratie ne peut que refléter cet état d'esprit. Ce n'est pas une raison pour renoncer… à nous de tenter de les rendre raisonnables.


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  • On peut voir le monde tel qu'il est, constater ses innombrables problèmes et tenter de résoudre ces problèmes de l'intérieur. Très difficile et épuisant… le monde sait se défendre si on l'attaque.

    On peut aussi imaginer un autre monde totalement différent et se dire : ça serait vraiment mieux ainsi. Se convaincre que c'est possible. Et agir comme si on y était déjà.
    Alors notre perception de la vie devient radicalement différente.

    Il faut juste accepter de lâcher tous ces principes de la vie courante qui nous semblent naturels mais qui nous enferment dans un système clos.
    Juste se dire que le monde peut fonctionner sans argent ni troc, qu'il n'y a pas besoin de donner une valeur marchande à notre activités et à nos biens.
    Juste se dire que travailler pour travailler ne sert à rien. Que l'on n'est pas obligé de consacrer sa vie à une seule activité. Que personne n'a à nous dire ce que nous devons faire de notre vie.

    La liberté ne se mendie pas, elle se prend, tout simplement.
    C'est en comprenant cela que l'on devient heureux.
    Alors des gens le remarquent et parfois s'interrogent sur eux-mêmes.
    Ils changent, comprennent et deviennent libres à leur tour.


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  • La révolution… un terme certes très évocateur, mais qui dans l'esprit de la plupart des gens se réfère soit à des évènements historiques, soit à des conflits violents ayant lieu dans de lointaines régions du globe, en tous les cas quelque part bien loin de nous dans le cadre spatio-temporel. Qui aujourd'hui oserait encore imaginer une révolution en Europe occidentale ?

    Et pourtant… comment peut-on espérer un avenir de liberté en écartant d'emblée l'idée de révolution ? Cela me semble bien difficile vu la solidité du système actuel. Croire qu'il s'effondrera de lui-même me semble utopiste ; arriver à une société libre et égalitaire en réformant le système de l'intérieur me semble mission impossible.

    En effet, tout est lié. Si l'on s'attaque à une composante isolée du système, les autres s'uniront pour la défendre. Chaque institution du pouvoir a tout intérêt à ce que les autres ne faiblissent pas, car elles se protègent mutuellement. Les tout-puissants milieux économiques, les bras tentaculaires de l'État, les institutions religieuses dogmatiques. Tous s'entraident pour mieux étendre leur contrôle. L'État est intéressé par toutes les rentrées financières apportées par les milieux économiques. Ceux-ci ont tout intérêt à ce que l'État maintienne son autorité, car sans lui pas de justice que l'on peut corrompre pour obtenir ce que l'on veut ni de police pour les protéger en cas de besoin. Les institutions religieuses elles aussi ont intérêt à chercher l'appui de l'État : en bénéficiant d'une reconnaissance officielle, elles sont ainsi assurées de rentrées financières suffisantes qui leur assurent un certain pouvoir peu importe la fréquentation de leurs cultes. De même, l'État gagne à bénéficier du soutien des Églises et autres communautés religieuses, car de cette manière celles-ci se retiendront de critiquer la politique, même lorsqu'elle va à l'encontre de certains enseignements de la religion. Depuis des siècles, beaucoup de religions n'ont-elles pas prôné le respect de la loi et de l'autorité ? De plus, de nombreuses religions, en promettant un monde meilleur pour l'au-delà, sont en quelque sorte anti-révolutionnaires par nature : cela ne vaut pas la peine de lutter pour changer le monde présent si on a l'assurance d'une vie meilleure après la mort.

    Dès lors, il est facile de comprendre que les différents pouvoirs, tout particulièrement l'État et les milieux économiques, resteront très solidaires face aux diverses tentatives de les affaiblir ou de les démocratiser. Cela implique que la transformation du système par la voie démocratique est très difficile voire impossible. De plus, la prétendue démocratie actuelle fonctionne en grande partie en jouant sur la peur et sur de fausses promesses. Comment voulez-vous transformer radicalement une société par le biais de politiciens corrompus et de votants facilement influençables ?

    Il est nécessaire d'envisager d'autres moyens d'action… ce qui à mon avis passe nécessairement par une destruction des institutions en place, autrement dit, par la révolution. Attention cependant, révolution ne signifie pas guerre civile ni destruction de la société. Ce sont les institutions, clés de voute du pouvoir, qui doivent être démantelées.

    Le pouvoir le plus fort et le plus contraignant est celui de l'État. C'est lui qui contrôle la police, le système monétaire et la justice. S'il venait à disparaitre, il sera bien difficile aux autres institutions d'imposer quoi que soit. En effet, si quelqu'un aujourd'hui refuse d'obéir aux lois, il se fait remettre à l'ordre par la police et la justice. Il en va de même s'il refuse la propriété privée. Imaginons maintenant que l'État n'existe plus. Du moment que ni la police ni la justice n'existent plus, plus rien ni personne ne peut contraindre qui que ce soit. Dès ce moment, la propriété privée n'a plus aucun sens ni intérêt : chacun peut ainsi disposer librement de ce dont il a l'usage et qui ne sert pas à quelqu'un d'autre. De même, l'argent n'a plus aucune raison d'être : sans propriété, rien ne sert de baser ses échanges sur une valeur marchande ; seul le principe de l'usage et du non-usage s'applique dans ce cas.

    Si l'on venait à détruire le système économique en maintenant l'État (voire en le détruisant par le biais de l'État), la société ne serait certes plus dirigée par les intérêts financiers, mais le pouvoir étatique ne s'en retrouverait que renforcé, restreignant toujours autant la liberté individuelle. De même, le système monétaire étant maintenu, les échanges se baseraient toujours sur des valeurs marchandes. Cette voie est celle du marxisme, qui est nécessairement vouée à l'échec. L'espoir d'un auto-dépérissement de l'État lorsque le capitalisme sera vaincu est illusoire. Du moment que le peuple accepte de déléguer son pouvoir à des politiciens, il s'en trouvera toujours pour prendre gout à ce pouvoir et imposer leur volonté au peuple. Il est peu probable que la majorité de la classe politique accepte de renoncer à son propre pouvoir. Le pouvoir peut corrompre même les plus bonnes et généreuses personnes.

    Comme le résumait Bakounine, « Ils [les marxistes] maintiennent que seule la dictature —la leur, évidemment— peut parvenir à libérer le peuple. Notre [les anarchistes] réponse à cette affirmation est qu'aucune dictature ne peut avoir d'autres buts que sa propre perpétuation, et qu'elle ne peut engendrer que l'esclavage du peuple la tolérant. La liberté ne peut être créée qu'à partir de la liberté, c'est-à-dire par une rébellion universelle de la part du peuple et la libre organisation des masses laborieuses de bas en haut. »

    Au contraire, si l'on parvient à détruire l'État, tout le reste du système s'effondrera à sa suite. Même les institutions religieuses, pouvant parfois paraitre comme ennemies de l'État, s'affaibliront et seront contraintes soit de disparaitre soit de se transformer en des organisations libres où tout pouvoir et toute contrainte auront disparu. En effet, les gens jouissant de leur pleine liberté n'auront plus aucun intérêt à se réfugier dans des univers sombres et clos dans l'espoir d'un monde meilleur.

    Maintenant il convient de distinguer au sein de l'État les institutions de pouvoir et celles qui n'y appartiennent pas. L'État social ne détient pas de pouvoir en soi, rien ne sert donc de s'y opposer. Le développement des assurances sociales, de la promotion de la culture, des services publics et de la protection de l'environnement est à encourager car il permet de limiter les dégâts du système. Au contraire, l'ennemi du peuple est l'État politicien et policier, celui qui lui impose sa vision du monde et le maintient dans son rôle passif. C'est ce celui-là qu'il faut combattre.

    Le combat est à la fois individuel et collectif : individuellement, il ne faut pas se résigner à accepter ce rôle passif dans lequel nous sommes confinés ; collectivement, il faut s'organiser pour contourner le plus possible le système et affaiblir le pouvoir. Surtout, il faut convaincre les gens, leur montrer leur aliénation dont certains ne se rendent même plus compte…

    La révolution n'est définitivement pas un concept négatif et dépassé. C'est un passage obligé sur le chemin qui mène à un avenir fait de liberté et de bonheur… Mais cette révolution-là doit être différente. Il ne s'agit plus de prendre le pouvoir mais de le détruire.

    L'espoir n'est pas mort… la force de notre volonté fera s'écrouler le système. Ensemble nous pourrons détruire ce pouvoir qui nous opprime. Alors demain flottera le drapeau noir au vent de la liberté…


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  • Il est évident que, dans l'idéal, chacun devrait pouvoir avoir accès aux soins médicaux de base sans avoir à mettre la main au portemonnaie. En effet, personne ne choisit d'être malade et il est juste que la société prenne à sa charge les frais en découlant. Cependant, dans notre système de santé actuel, chacun doit toujours payer une partie de ses frais médicaux (la fameuse «quote-part») et des primes d'assurance-maladie toujours plus élevées.

    Bien entendu, un modèle nettement différent serait souhaitable. Cependant, la proposition d'une caisse maladie unique et publique constitue déjà un bon début. Certes, ce n'est pas là une solution miracle qui résoudrait tous les problèmes du système, mais cela permettrait déjà de réduire considérablement les frais de bureaucratie liés aux multiples assureurs privés et leurs innombrables offres toujours plus complexes. Tout l'argent et l'énergie dépensés dans la publicité pourraient être investis plus intelligemment, de manière à ce qu'ils profitent au plus grand nombre. En effet, une part importante des primes payées par les assurés sert uniquement à financer les mécanismes de la concurrence. De même, toute la bureaucratie induite par le jeu des changements réguliers de caisse-maladie disparaitrait, d'où des économies pour le système d'assurance et des soucis en moins pour les assurés.

    Un avantage certain d'une caisse publique serait la fin de la chasse aux bons risques pratiqués par tous les assureurs actuels. Chaque société essaye d'attirer les assurés qui présentent le moins de risques d'avoir des problèmes de santé, afin d'avoir le moins de factures possibles à rembourser. D'où des difficultés pour les personnes nécessitant plus de soins à trouver des offres à un prix convenable. Une caisse publique n'aurait aucun intérêt à faire des bénéfices donc aucune raison de proposer des primes très basses aux personnes «peu couteuses» ni d'imposer des primes élevées aux personnes «à risque». Le montant des primes serait réparti de manière équitable et servirait uniquement à financer l'assurance elle-même.

    Certains diront qu'imposer à tous une assurance étatique constitue une atteinte à la liberté individuelle. Mais où est la différence avec le fonctionnement actuel ? Chacun est obligé de s'affilier à une caisse-maladie, la seule liberté accordée est celle de choisir quel assureur et quel modèle de couverture des couts il souhaite. Une caisse publique peut elle aussi proposer divers modèles afin de correspondre aux différents besoins de chacun. Et où est l'avantage d'être contraint de s'affilier à une entreprise privée plutôt que d'être contraint de s'affilier à une institution publique ? Il n'y en a aucun, bien évidemment, mais par contre une institution publique sera moins encline à rechercher le profit à tout prix.

    Un peu moins de finance dans le système de santé ne peut qu'améliorer la situation. Nous avons certainement à y gagner et n'avons vraiment rien à y perdre, alors pourquoi le refuser ?


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  • Dans une société moderne se prétendant démocratique et prônant la liberté de pensée, on serait en droit de s'attendre à ce qu'aucune croyance ne jouisse de privilèges, du moins de privilèges officiels. Or la situation actuelle en Valais est bien loin de cette attente : non seulement de nombreux symboles religieux sont imposés dans des bâtiments publics (attirant des ennuis à ceux qui tentent de les retirer) mais de plus l'État accorde un statut officiel à la religion chrétienne, représentée par l'Église catholique romaine et l'Église évangélique réformée. Ces deux institutions sont ainsi reconnues comme d'intérêt public et bénéficient de généreuses subventions de la part de l'État.

    Une telle situation est totalement inacceptable dans un pays démocratique. Les institutions gouvernementales n'ont pas à se mêler d'affaires métaphysiques. Libre à chacun de croire à ce qu'il souhaite, mais il n'est pas normal que telle ou telle croyance soit officiellement soutenue par les collectivités publiques. C'est aux croyants qu'il revient de subvenir aux besoins de leurs institutions religieuses. De même, les textes politiques ayant valeur de droit ne devraient pas contenir de référence au surnaturel. Or est-il nécessaire de rappeler que la constitution cantonale (de même que la constitution fédérale) s'ouvre par la formule « Au nom de Dieu tout puissant ! » ? Et est-il normal qu'une école publique et obligatoire contraigne ses élèves et professeurs à accepter un symbole religieux bien en évidence dans leur classe ?

    Comment voulez-vous qu'une religion soit respectée par les gens ne s'en réclamant pas si elle jouit de privilèges sans fondements ? Plus longtemps les Églises refuseront la laïcité, plus elles seront combattues par les non-croyants ainsi que les adeptes d'autres religions. Ce n'est certainement pas dans leur intérêt.

    Aussi, il est temps de mettre fin à cette aberration. Que vous soyez chrétien, agnostique, musulman, athée, raëlien ou que sais-je, peu importe, si vous aussi vous estimez que la laïcité est indispensable à la liberté de croyance, alors n'hésitez pas à signer l'initiative populaire cantonale pour un Valais laïc


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  • Tous les êtres humains naissent libres et égaux en droits.

    S'il ne fait aucun doute que ce principe est totalement inconnu dans certaines régions du globe, il est souvent admis qu'il est respecté dans nos contrées dites démocratiques. Vraiment ? On peut bien admettre que tous naissent égaux en droits, bien que l'origine familiale soit souvent source d'inégalités, mais je ne crois pas que personne ne naisse libre.

    Indépendamment de notre volonté, chacun de nous est automatiquement intégré dans les trois grands systèmes qui régissent le monde : la hiérarchie du pouvoir, le système monétaire et la propriété. Il est quasiment impossible à quiconque d'arriver à vivre à l'écart de ces systèmes. Or tous trois s'opposent à la liberté.

    Le pouvoir entre les mains des autorités n'est rien d'autre qu'une aliénation du peuple : sous un couvert de démocratie, le peuple est en réalité forcé d'obéir à une élite dont la plupart ne veut pas. C'est ce pouvoir qui empêche les habitants d'être maitres de leurs propres villes et villages, imposant son urbanisme et vendant les rues et les bâtiments au plus offrant. C'est ce même pouvoir, garant de l'ordre, qui maintient la subordination des travailleurs aux grands patrons. Plus globalement, le pouvoir étatique est en quelque sorte la carapace qui protège tout le système actuel. Si quelqu'un refuse ses principes et tente de s'y soustraire, il sera automatiquement condamné et réprimé par les autorités. Les deux autres piliers du système sont fortement dépendants de celui-ci.

    Le tout-puissant système monétaire, attribuant une valeur numérique à tout ou presque, est un l'un des plus grands maux de notre société. Il permet de résumer n'importe quel objet, travail, ressource naturelle, terrain ou bâtiment à une série de chiffre, et ainsi de hiérarchiser les biens et le travail selon une échelle de valeur subjective mais imposée à tous. Il permet ainsi d'occulter la valeur réelle des choses et d'attribuer une valeur immense à des fichiers abstraits totalement déconnectés du monde réel. Mais le pouvoir de l'argent ne s'arrête pas là. Il impose aux gens d'exercer des activités qui créent suffisamment de valeur marchande. Il pousse la société non pas à progresser et à améliorer son niveau de vie, il n'encourage pas la créativité artistique ni la science pure. Non, tout ce qui a de la valeur dans ce système est ce qui permet de produire plus ou d'amasser plus, même lorsque cela n'a aucun intérêt en soi.

    La propriété est souvent perçue comme un droit naturel. Mais pourquoi donc ? La propriété, peut importe qu'elle soit privée ou publique, s'oppose au bien commun. Ce dernier voudrait que chaque bâtiment, terrain ou objet soit à la disposition de celui qui en a besoin. Or la propriété conduit dans de nombreux cas à un déséquilibre entre la disponibilité réelle et l'offre effective. De plus, elle impose souvent un recours au système monétaire, car rare sont les situations où l'on peut disposer d'un bien qui ne nous appartient pas sans devoir aligner une certaine somme.

    Les trois piliers du système actuel sont autant de barreaux pour chacun d'entre nous. La cage est parfois dorée mais nous sommes bel et bien prisonniers.… Nous n'avons pas pu choisir le monde où nous sommes nés, mais nous pouvons décider ce que nous voulons qu'il soit demain. Prisonniers de toute la Terre, ne voyez-vous pas cette lumière qui brille de l'autre côté de vos barreaux ? Avez-vous perdu tout espoir de l'atteindre ? Ces barreaux sont certes solides, mais comment pourraient-ils résister face à la force de notre volonté ? Unissons-nous contre les geôliers du peuple et tout le pénitencier s'écroulera. Car, si nos cellules sont isolées, c'est bien dans la même prison que nous somme tous enfermés.


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  • Je suis certain que bien souvent dans votre vie, au fond de vous-même, vous vous dites : «Ah, qu'est-ce que cela pourrait être mieux si…»

    Peut-être regrettez-vous le passé, peut-être rêvez-vous d'un futur lointain… peut-être rêvez-vous d'un monde nouveau, fruit de votre imagination.

    Mais alors vous vous dites que cela n'est pas possible et vous tentez d'oublier ce qui vous dérange…

    Mais pourquoi ? Pourquoi ne serait-ce pas possible ?

    Parce que vous vous sentez seul face à l'immensité du monde ?

    Mais non, vous n'êtes pas seul ! Nous sommes des milliers, des millions à nous indigner face à une société aveugle et injuste. Ne vous dites pas que vous ne pouvez rien faire. Bien sûr que nous pouvons changer les choses ! Mais cela est difficile si les gens sont persuadés du contraire…

    À quoi bon rester à se dire qu'il est impossible qu'il en soit autrement ? Qu'y a-t-il à perdre d'essayer de faire en sorte que cela soit possible ?

    Le monde nous appartient, et c'est nous qui pouvons décider de ce qu'il sera demain. Croyez-y et vous verrez que l'on peut vaincre l'impossible…

    Osez vous exprimer ! Osez changer ce qui vous dérange ! Osez réaliser vos rêves ! La résignation ne sert qu'à renforcer nos ennemis…


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  • Brigue, le 17 aout 2025

    Chers amis,

    Je suis très honoré de pouvoir vous annoncer l'achèvement officiel des travaux de construction de l'autoroute de Sierre à Brigue. Le chantier fut long et entravé d'embuches. J'en suis conscient, votre tâche a été ardue. Cependant tout le travail a été brillamment accompli, vous avez là de quoi grandir votre fierté !

    À compter du mois prochain, le dernier maillon du réseau des routes nationales sera enfin ouvert à la circulation. Les interminables files de poids-lourds traversant les villes et villages de la plaine du Rhône ne seront bientôt plus qu'un lointain souvenir. Et ce grâce à vous, ingénieurs et constructeurs !

    Chers amis, aujourd'hui est un grand jour pour le Valais tout entier. Je suis heureux d'y être présent ici avec vous. Au nom de tous les habitants de notre beau canton, merci à vous tous !

    Et maintenant fêtons dignement ce succès, notre succès, votre succès !

    Allocution du Conseiller d'État en charge du Département des Transports, de l'Équipement et de l'Environnement du Canton du Valais dans le cadre de la cérémonie de fin des travaux de l'autoroute A9

     

    Viège, le 14 septembre 2025

    Chers collaborateurs, actionnaires et associés,

    Aujourd'hui se tourne une page dans l'histoire de notre société. Dès samedi une nouvelle porte s'ouvrira sur l'extérieur ; si longtemps limités par notre situation géographique défavorable, nous voici enfin reliés au réseau des grands axes européens. De nouvelles perspectives de développement se dessinent : des transports plus rapides permettront une expansion sur un plus vaste territoire d'activités et nous ouvrira de nouveaux marchés.

    Ne nous relâchons pas pour autant, car de nouveaux défis nous attendent : il faudra résister à une concurrence qui, elle aussi, se trouvera rapprochée. Rassurez-vous, je n'ai aucune crainte à ce sujet : depuis plus d'un siècle notre entreprise a été confrontée à de nombreux bouleversements et en est toujours sortie grandie. Du petit atelier familial au grand groupe industriel d'aujourd'hui, la B. S. K. et Cie n'a cessé de croitre. Restons sur la voie du succès !

    Oui, je sais que je peux avoir confiance en vous pour assurer à notre vénérable société un avenir radieux. Ainsi nous pourrons à nouveau créer des emplois qui profiteront à toute la région.

    Pour la B. S. K. et pour le Haut-Valais, buvons à notre réussite !

    Discours de Peter K., président du conseil d'administration de la B. S. K. et Cie, lors de l'assemblée générale extraordinaire de la société

     

    Bratsch, le 18 septembre 2025

    Chère Hannah,

    Du haut de mon perchoir, j'admire cette paisible vallée du Rhône qui nous a vu grandir. Il y a bien longtemps déjà que je n'y vis plus, mais je m'y sens toujours chez moi. J'y suis revenu aujourd'hui pour profiter une dernière fois de ce calme si magique qui règne ici. Une dernière fois malheureusement, car demain la mobilité moderne fera son entrée fracassante en cette contrée. Assis sur mon banc ensoleillé, je perçois au fond de la vallée un étrange ruban noirâtre qui longe la voie ferrée. Aujourd'hui encore immaculé, il sera dès demain recouvert d'automobiles vrombissantes en tous genres. Te rappelles-tu les nombreuses fois où nous attendions le train en jouant aux billes sur le quai ? Eh bien imagine-toi que juste à côté défileront bientôt des camions lancés à 120 km/h. Si on avait raconté cela au chef de gare, jamais il n'aurait voulu le croire. Déjà qu'il n'en revenait pas lorsque les premiers avions de l'armée étaient arrivés… il serait heureux tiens, l'aérodrome est fermé désormais. Pourtant, aujourd'hui personne ne semble s'étonner de cette énorme route. Drôle d'époque, hein ? Je finirais par croire que c'est moi qui deviens fou. Je n'ai pourtant même pas encore soufflé mes nonante-trois bougies… À part ça te souviens-tu de ton neveu Michael ? Figure-toi que je l'ai croisé, en bas à Niedergampel. Il tient toujours la ferme de tes parents ! J'ai voulu l'inviter à venir à Berne un de ces jours mais il était très occupé ; tu sais le travail qu'ont les paysans de nos jours. J'espère qu'il pourra venir cet hiver.

    En espérant te revoir bientôt, je t'embrasse chère cousine.

    Werner

     

    Toujours plus loin, toujours plus vite, les hommes repoussent les limites du silence.

    Le progrès éternel étend sa domination sur les territoires.

    La nature n'a pas son mot à dire… ni la plupart des gens.

    Mais tout ceci… pourquoi ? Qu'y gagnons-nous vraiment ?


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  • S'il est une caractéristique des démocraties parlementaires qui est plus ou moins universelle, c'est bien l'éternelle alternance gauche/droite des gouvernements et parlements. La politique française en est un parfait exemple : dès que les électeurs en ont marre des innombrables décisions nuisibles d'une équipe, ils se tournent vers l'autre, et ainsi de suite, en se limitant à ces éternelles deux mêmes équipes dont la composition évolue avec les années tout en restant assez semblable dans le fond. Curieuse façon de penser que de ramener au pouvoir ceux-là mêmes que l'on avait évincés quelques années plutôt et de tourner en rond dans ce balancement sans fin.

    Tous les sondages prédisent une écrasante victoire des conservateurs de l'UMP et du FN aux élections européennes. Pour voir le bon côté des choses, on peut dire que la population a majoritairement compris que le PS et ses satellites ne vont pas changer le monde et qu'il est peut-être temps d'aller voir sous d'autres horizons ; cependant on ne peut que se désoler que l'opinion publique ne sache que transférer ses espoirs d'une équipe à l'autre.

    Il est temps que les gens réalisent que toutes ces oscillations ne font que tourner les aiguilles du temps sans faire pour autant avancer l'horloge. Un premier pas serait déjà de réaliser qu'il existe un monde en dehors des participants à ce jeu dénué de sens.


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  • Vu sur le site de la R.T.S. : Un chantier pharaonique défraie la chronique à Villars-sur-Ollon

    Dans la station de Villars-sur-Ollon, un chantier pharaonique défraie la chronique depuis près de 10 ans. Pour plusieurs dizaines de millions de francs, un couple russe se construit un "chalet-château", à moitié enfoui dans la montagne.

    Il n'y aurait rien à redire si les propriétaires respectaient les lois et les règlements suisses. Mais depuis quelques années, le chantier dérive.

    Autorisations non-respectées, violation de la loi sur la forêt, droit du travail bafoué, le chantier […] inquiète la commune et le canton.

    Il est assez amusant de constater la manière de s'inquiéter des politiques :

    Débordée par l'ampleur du dossier, la commune confirme que l'implantation ne respecte plus les autorisations accordées, mais reste impuissante. Le permis d'habiter devrait être refusé. A Lausanne, la direction générale de l’environnement promet que les violations de la loi cantonale sur la forêt seront sévèrement sanctionnées.

    Résumons la situation : un énorme chantier pose problème depuis plusieurs années mais la commune est tellement débordée qu'elle n'a toujours rien pu faire. Au canton, on voit qu'il y a des soucis mais tout ce que l'on fait c'est de promettre des sanctions. Autrement dit, on voit les problèmes mais on a d'autres chats à fouetter.

    Voici donc les politiques travaillant à plein rendement pour protéger leur pays… ce qui pourrait paraitre, disons, plutôt étonnant est que tout le monde se plaint mais on ne parle que de sanctions ou de refuser le permis d'habiter mais pas de bloquer le chantier. Ce ne serait pas là une tâche bien difficile. Mais tant la commune que le canton n'ont-ils pas intérêt à laisser le chantier se terminer et ensuite pouvoir soit taxer fortement les contrevenants soit saisir les biens ? Bien évidemment. Il ne faut pas se faire d'illusions, les politiques pensent à l'intérêt commun tant qu'il est aussi le leur. Au bon sens et à la défense du peuple ou de l'environnement se substitue facilement un joli bénéfice bien miroitant.

    D'ailleurs, ils avouent eux-même leur désintérêt vis-à-vis du bien commun : Il n'y aurait rien à redire si les propriétaires respectaient les lois et les règlements suisses. Bien entendu, on ne se pose pas la question de la pertinence ou non des lois et règlements suisses ni de leur suffisance, on se borne à les appliquer. Peu importe la possible opposition des habitants des lieux ou la perte de terrains agricoles. Ces gens-là ne sont-ils pas capables de réflexion en dehors d'un cadre rigide ? En tout cas, nous avons tort de leur confier la gestion des affaires publiques.

    Mais, politiques à part, le problème originel est tout de même causé par la vente de ce terrain à de riches étrangers. Cet exemple n'en est qu'un parmi tant d'autres. Il est facile de critiquer les «étrangers qui volent nos logements et mitent le territoire par leurs résidences secondaires». Il est tout autant facile de céder son terrain contre une somme intéressante. Si les habitants de ce pays n'étaient pas tant attirés par l'argent, jamais nos montagnes ne seraient devenues ce qu'elles sont. Toutes les lois du monde n'y changeront rien, ce sont les mentalités qu'il faut changer !

    Cela dit, en remontant à la source du problème, c'est la notion même de propriété privée qui doit être remise en cause. Il n'est aucune raison qu'un individu puisse prétendre à un droit d'exclusivité sur des portions de notre bonne vieille Terre. Un terrain, c'est plus qu'un ensemble de chiffres. Un terrain, c'est une histoire, c'est un paysage, c'est une vie qui s'y déroule. En le monnayant à des gens sans scrupule, le premier coupable est-il le vendeur ou l'acheteur ? Qu'importe. Nous sommes tous victimes, consciemment ou non, de la dictature de la propriété. Privée ou étatique, la propriété est une oppression. Qu'il s'agisse d'un terrain, un logement, une fabrique ou une ressource naturelle, elle empêche ceux qui en ont besoin d'en faire usage et permet à d'autres de s'enrichir et de le détruire sans scrupule.

    La liberté ne peut cohabiter avec la propriété. Tant que la société restera dominée par l'obsession de posséder, un monde libre restera une utopie.

    Il n'est pas interdit de se plaindre. Il n'est pas défendu de rêver non plus.


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  • Il parait que le «Gripen» rassemble de plus en plus de partisans parmi les habitants de la Suisse (ou du moins parmi ceux qui acceptent de participer aux sondages). Je ne sais pas si c'est aussi votre cas, mais certaines fois je me demande tout de même quelles pensées peuvent bien traverser l'esprit des gens.

    J'ai essayé de trouver une raison rationnelle de se montrer favorable à un tel achat et j'en suis arrivé à la conclusion suivante : soit un bon nombre de Suisses sont paranoïaques et de plus s'imaginent qu'une armée d'«amateurs» a une chance de résister à des armées professionnelles munies de bombes nucléaires, soit ils ont trop joué avec des modèles réduits d'avions durant leur enfance.

    Libre à vous d'opter pour la version que vous préférez. Heureusement, les gens qui vous entourent ne sont pas nécessairement inclus dans l'une ou l'autre catégorie ; la moitié des «sondés», cela ne représente pas une foule énorme, et surtout les Romands sont tout de même plus raisonnables que leurs voisins alémaniques : deux tiers au moins d'entre eux se disent réfractaires à ce genre d'investissement. Il n'empêche que cela fait tout même (théoriquement) un tiers de gens au raisonnement plutôt étrange qui composent votre entourage.

    Les gens sont curieux parfois.


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  • La société contemporaine glorifie le travail. Quelle que soit l'activité exercée, dans la plupart des cas, ceux qui travaillent beaucoup et rapidement sont valorisés et présentés comme exemples à suivre. Les employés les plus performants ont souvent droit à des avantages (avancement, augmentation de salaire, etc.). À l'inverse, ceux qui sont un peu moins efficaces que la moyenne se voient soumis à une pression importante et craignent parfois pour leur emploi. Il est évident qu'un travail est à la base de toute chose ; il est donc bien fondé de le considérer à sa juste valeur. Mais, dans le monde contemporain, est-ce vraiment le travail d'une personne que l'on valorise ?

    En réalité, la société a confondu depuis bien longtemps les notions de travail et d'emploi. La notion de travail renvoie nécessairement à une profession parfois exercée à titre indépendant mais qui l'est le plus souvent au service d'un employeur. La conséquence malheureuse de cette confusion est que, bien souvent, la seule chose importante aux yeux de la société, c'est l'emploi. Tout le travail effectué en dehors du cadre d'une profession officialisée n'est que secondaire.

    Une profession, pour être reconnue comme telle, implique un ou souvent plusieurs diplômes, un titre officiel et donc une reconnaissance par l'État. Un travail a-t-il besoin de tout ceci pour être utile et mériter reconnaissance ? Certainement pas. Le travail effectué à titre personnel n'a pas de valeur marchande ; il ne vaut pourtant pas moins qu'un travail rémunéré, bien au contraire. Les personnes qui préparent elles-mêmes leurs repas plutôt que de diner hors de chez elles ; celles qui passent du temps à s'occuper de leurs enfants, petits-enfants, des enfants de leurs amis… plutôt que les confier à des garderies ; celles qui prennent soin de leur habitation, de leur potager ou de leur roseraie ; celles qui s'investissent pour animer la vie de leur village ou quartier… tout ceci est du travail, qui a au moins autant de valeur que n'importe quel travail rémunéré.

    Ici se trouve le nœud du problème : la valeur du travail. La société se moque bien de la valeur que peut avoir un emploi, ce qui compte pour elle est que chaque personne en ait un. Être sans emploi est tout de suite perçu comme une situation anormale, problématique, à laquelle il faut remédier au plus vite. Pourtant, nombre de gens sans emploi fixe se rendent bien plus utiles à la collectivité que le travailleur moyen. Créer des emplois est perçu comme un acte nécessairement positif, ce qui fait que l'argument de la création d'emplois a souvent un effet massue qui passe dans l'ombre tous les autres aspects à étudier lors, par exemple, de l'installation d'une nouvelle entreprise ; quand bien même que ces emplois créés n'amènent souvent qu'à la disparition d'autres emplois ailleurs (emplois souvent plus agréables et riches d'un savoir-faire). En fait, la société en est arrivée au point de sacraliser le travail, sans se soucier de sa nature et de son intérêt.

    Un autre problème réside dans la spécialisation à l'excès. Un nombre croissant d'emplois se limitent à quelques tâches très précises et répétitives. Ceci profite à l'employeur, car la spécialisation augmente la productivité ; mais l'employé serait certainement intéressé à faire d'autres activités durant ses quarante-deux heures hebdomadaires. Dans la même optique, il est difficile de combiner dans le monde professionnel deux activités totalement différentes l'une de l'autre. Une personne a une profession qui est inscrite dans les documents officiels ; sa personne est liée à cette «fonction», ce à quoi elle sert à la société. Pourtant les humains sont des êtres polyvalents, ils sont heureusement capables de s'adonner à toutes sortes d'activités. Bien entendu, certaines personnes apprécient de s'engager profondément dans un travail donné, mais ce n'est pas le cas de tout le monde ; pourtant la société est organisé autour du principe de base «une personne, un travail»…

    Mais alors, avec tant de défauts, pourquoi continue-t-on dans cette voie ? C'est bien simple : peu de gens osent imaginer autre chose… ce qui est normal tant la société pousse ses membres à aller dans son sens. Parce que l'«on a toujours fait ainsi» (ce qui est d'ailleurs incorrect, par le passé de nombreux hommes travaillaient de manière bien plus polyvalente et plus libre qu'aujourd'hui) ; et aussi parce que le système scolaire pousse à la spécialisation. L'école pousse les élèves à favoriser un domaine au détriment des autres, ce qui n'est pas idéal : un élève peut très bien s'intéresser à la physique tout en appréciant le travail du bois. Or le système actuel ne le permet pas : pour étudier la physique, cet élève devra fréquenter le collège et devra pour ce faire renoncer à ses talents d'artisan. Si par contre il choisit la voie d'un apprentissage chez un ébéniste, il lui sera difficile d'approfondir ses connaissances scientifiques. Une autre élève, fascinée par le monde des chemins de fer, décide de s'engager sur cette voie et de suivre une formation de pilote de locomotive. En quittant l'école, elle n'aura jamais eu l'occasion de découvrir la philosophie, qui aurait pourtant certainement pu la passionner ; elle aura donc été forcée d'y renoncer de par sa formation professionnelle, et non par désintérêt pour la philosophie.

    Que faire direz-vous… il est vrai que changer la société n'est pas une chose facile. Le plus important est de revoir notre façon de penser et surtout de convaincre le plus de monde possible d'en faire autant : sans changement des mentalités, il est très difficile de sortir de ce système.  Il faut désacraliser l'emploi et oser sortir du cadre économique. Travaillons d'abord pour nous-mêmes, nos familles et nos amis. Ce que nous faisons nous-mêmes ne rapporte certes pas de salaire, mais c'est autant de travail que nous n'aurons pas à monnayer à d'autres. Il faut oser imaginer d'autres manières d'organiser le travail : s'associer plutôt que de travailler pour un employeur, proposer ses services à son entourage… Et surtout, redécouvrir la gratuité : il faut en finir avec la pensée du «tout travail mérite salaire» et limiter autant que possible la monétisation de notre quotidien.

    Le monde reste à réinventer…


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  • Крым ou Крим ? Le monde politique international s'échauffe pour savoir si Crimée doit s'orthographier en russe ou en ukrainien. À vrai dire, leur principale préoccupation n'est certainement pas la langue qui y est parlée, ni plus globalement la vie que mènent ses habitants. Pourquoi tout cette agitation pour un bout de terre rassemblant à peine un quart de la population New-Yorkaise ? Quel intérêt ont les États-Unis à entrer en scène alors que ce pays leur est totalement étranger ? Ce n'est qu'une question de pouvoir. Les gouvernements se moquent bien de la Crimée et de sa population ; ce qu'ils cherchent, c'est à montrer leur puissance et à se faire respecter, d'où cette apparence de retour de guerre froide : l'Europe et les Etats-Unis face à la Russie. La Russie envahit militairement le pays tandis que l'Union européenne refuse le droit aux Criméens de quitter le giron de Kiev sans l'accord du gouvernement. Il est évident que ni l'un ni l'autre ne sont dans l'intérêt du peuple.

    Dans ce genre de situations, la population se retrouve en quelque sorte forcée de choisir son camp : soit on est pro-russe soit on est pro-ukrainien. Jusqu'à aujourd'hui, les populations russes et ukrainiennes cohabitaient pacifiquement en Crimée ; le déclenchement de cette crise conduit à des tensions internes qui ne profitent à personne. On en arrive à une montée en puissance des nationalismes, comme malheureusement partout ailleurs en Europe. Au lieu de lutter pour une meilleure vie, les gens dépensent leur énergie à s'isoler des autres.

    Ne serait-il pas plus profitable d'avancer main dans la main ? Plutôt que de se déchirer pour savoir qui dominera le pays, pourquoi ne pas s'unir contre la domination, qu'elle vienne de Moscou, de Kiev ou de Bruxelles ? En effet, à quoi bon choisir entre une Russie dictatoriale et militariste, un nationalisme ukrainien xénophobe et une Union européenne qui ne fera qu'imposer des plans d'austérité et des réformes économiques libérales ? Ce pays mérite mieux que cela. Le reste du monde aussi. L'humanité mérite mieux que d'être cloisonnée par des frontières arbitraires et dominée par des gouvernants ivres de pouvoir. Une Crimée libre dans un monde libre, serait-ce là une utopie ? Quoi qu'il en soit, si on se refuse à y croire, jamais cela ne deviendra réalité…


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  • Intéressant reportage, à voir si vous ne l'avez pas déjà visionné :

    Paysan, une espèce en voie d'extinction ? (TSR, Temps Présent)

    Paradoxalement, le monde agricole est tout proche de nous mais un fossé nous en sépare. La société urbaine côtoie la campagne mais semble ignorer tout de sa réalité. Pourtant la paysannerie traverse une période sombre qui n'est pas près de s'améliorer. Soumis à la dictature du marché, les agriculteurs n'ont bien souvent que deux options : accroitre le travail et la production ou disparaitre… En conséquence, des suicides, des faillites, des abandons. Le nombre d'exploitations agricoles diminue sans cesse.

    Pendant ce temps, les grandes chaines de distribution importent massivement des produits alimentaires de piètre qualité et produits dans des conditions douteuses. Mais «c'est le consommateur qui décide», il parait.

    Triste réalité. Est-ce là ce que nous souhaitons ?


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  • Depuis de nombreuses décennies, la démocratie s'est imposée dans un bon nombre des pays du globe comme modèle d'organisation sociale. Par «démocratie», on entend généralement un gouvernement choisi par le peuple, par opposition à une dictature, où le gouvernement se maintient au pouvoir de manière autocratique. On comprend donc l'enthousiasme soulevé chez nos ancêtres par la fondation de républiques démocratiques, libérant les citoyens des anciens régimes monarchiques. De même, il est facile de comprendre les aspirations démocratiques de nombreuses populations vivant aujourd'hui encore sous le joug de tyrans.

    Cependant, il convient de réfléchir à qu'est-ce qu'est réellement la démocratie. Telle qu'elle est pratiquée chez nous du moins, elle consiste en des joutes électorales répétées, lors desquelles la majorité du peuple (comprenez par là la majorité des citoyens ayant le droit de vote et l'exerçant) impose un ou plusieurs chefs à l'ensemble de la population. Dans bien des cas, cela s'arrête là. À ce stade, une démocratie pourrait donc se définir comme une dictature limitée dans le temps mais renouvelable. C'est-à-dire que tant que la majorité est toujours du même avis, les gouverneurs peuvent rester au pouvoir s'ils le souhaitent. Bien souvent, il est vrai, l'opinion majoritaire change avec le temps et les événements, donc la classe dirigeante est régulièrement renouvelée. Ce qui bien entendu n'empêche pas les élus d'agir selon leur volonté durant les habituels quatre à cinq ans de mandat.

    Plus rarement, la démocratie va un peu plus loin et donne la possibilité au peuple (même acceptation du terme que précédemment) de se prononcer favorablement ou non sur des objets qui lui sont proposés. Il y a là certes une amélioration par rapport à une dictature élective, mais le système ne reste que peu satisfaisant. En effet, il s'installe alors une tyrannie de la majorité : la souvent faible majorité des votants impose sa volonté à l'ensemble de la population. Les conséquences de ce genre de décisions «prises par le peuple» sont bien souvent des tensions grandissantes entre les habitants d'un même pays et entre les habitants de différents pays. Cela n'a rien d'étonnant, chacun étant unique et issu d'une culture qui lui est propre, il est impossible que l'opinion de la majorité puisse convenir à tous. La démocratie, bien que constituant un moindre mal, n'en reste pas moins une solution insatisfaisante.

    Les populations opprimées par des régimes autoritaires se révoltent toujours plus. Eux aussi, tels nos ancêtres, exigent la démocratie ; beaucoup de femmes et d'hommes sont prêts à sacrifier leur vie dans ce but. Pourquoi la démocratie ? Cela est simple, ils s'inspirent de ce que d'autres ont fait avant eux sur le Vieux-continent. Le problème que cela engendre malheureusement est que les pays libérés de leurs dictateurs se retrouvent déchirés par des luttes pour le pouvoir. En effet, une démocratie nécessite des dirigeants et il est difficile que ceux-ci satisfassent toute la population, d'où bien souvent de violents affrontements. Dans ces situations tout particulièrement, la tyrannie de la majorité est terrible : une majorité des votants peut par exemple imposer un gouvernement religieux à des personnes ne partageant pas ses opinions religieuses… de nombreux exemples contemporains le démontrent.

    Un jour viendra où ces gens réaliseront que ce système n'a rien d'idéal, mais beaucoup de sang aura coulé d'ici là. Si nous parvenons à montrer qu'une autre voie est possible, d'autres tenteront certainement de nous suivre.

    «L'erreur de ceux qui, de bonne foi dans leur amour de la liberté, ont accordé à la souveraineté du peuple un pouvoir sans bornes, vient de la manière dont se sont formées leurs idées en politique. Ils ont vu dans l'histoire un petit nombre d'hommes, ou même un seul, en possession d'un pouvoir immense, qui faisait beaucoup de mal ; mais leur courroux s'est dirigé contre les possesseurs du pouvoir, et non contre le pouvoir même. Au lieu de le détruire, ils n'ont songé qu'à le déplacer.» (Benjamin Constant, XIXe siècle)

    Au lieu de le détruire, ils n'ont songé qu'à le déplacer. Intéressant, non ?


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  • Et voilà, bientôt un peu plus de frontières et un peu moins de liberté. Le "peuple suisse" a accepté de limiter l'immigration dans ce pays. Le "peuple suisse", c'est-à-dire la population résidante moins un quart (étrangers) et deux fois divisée par deux (respectivement 55% de taux de participation et 50% d'acceptation parmi les votants), ce qui donne à peine plus de 3/16 de la population qui impose sa décision de verrouiller le pays. C'est ce que l'on appelle la démocratie…

    La Suisse prend donc la voie du repli identitaire. Nous sommes nés ici, nos ancêtres aussi, mais vous non, alors ne venez pas chez nous. Nous, nous arrivons à nous débrouiller tout seuls, alors débrouillez-vous chez vous. C'est malheureusement la mentalité qui a tendance à prévaloir. Finalement, on pourrait se demander si la raison d'être de la Suisse n'est pas d'être un ilot de prospérité, une société en apparence idéale, vivant dans la richesse au dépens des autres et en ignorant bien gentiment leurs problèmes.

    Le président de la Confédération se refuse de parler de dimanche noir. En 1992, lorsque les votants refusèrent l'adhésion à l'Espace Économique Européen, c'était la panique générale au gouvernement. Admirez l'humanisme de nos dirigeants : ne pas adhérer à une organisation impérialiste, c'est une catastrophe pour le pays, mais alors empêcher les gens de venir chez nous, au fond, ce n'est pas bien grave. Il y aurait beaucoup de traités internationaux dont la suppression serait profitable, tous ces accords qui ne servent qu'à renforcer le pouvoir économique… mais toute la classe dirigeante, en première ligne de laquelle on trouve ceux qui s'en prennent aux immigrants, tremble à l'idée même que ceux-là soient révoqués. Et là où la question est minimisée, c'est de limiter notre liberté. On voit bien les priorités de ce monde : les capitaux passent avant le reste…

    D'ailleurs, le texte accepté ne prévoit pas de limiter purement et simplement le nombre d'immigrants, mais de l'adapter aux besoins de l'économie. Je cite, du texte de l'initiative : «Les plafonds et les contingents annuels pour les étrangers exerçant une activité lucrative doivent être fixés en fonction des intérêts économiques globaux de la Suisse et dans le respect du principe de la préférence nationale; ils doivent inclure les frontaliers. Les critères déterminants pour l’octroi d’autorisations de séjour sont en particulier la demande d’un employeur, la capacité d’intégration et une source de revenus suffisante et autonome.» De nouveau, qu'est-ce qui compte ? Les intérêts économiques, les initiants eux-mêmes le disent.

    Dans ce même texte, le fait d'«inclure les frontaliers» met en évidence son fondement purement nationaliste : ainsi un habitant de Pontarlier en France voisine entre dans la catégorie "étranger" ; un Zurichois, vous me l'accorderez, est tout de même bien plus étranger à un Neuchâtelois qu'un ressortissant du Jura français.

    Cependant, il est certain que tous ceux qui ont glissé un oui dans l'urne ne sont pas xénophobes. De plus en plus de gens en ont assez de ce développement illimité qui ne profite à personne. Ils s'inquiètent des régions toujours plus construites, des villes toujours plus tristes et froides, des voies de communication toujours plus encombrées. C'est sur cette thématique que les initiants ont organisé leur propagande. Ce problème est bien réel, mais visiblement certains ne comprennent pas d'où il vient réellement. Ils se laissent donc facilement convaincre par les séduisantes affiches associant immigration et démesure, sans réaliser que se replier dans sa carapace ne va rien changer à la situation, surtout en calquant l'immigration sur les besoins de l'économie alors même que l'économie est au centre du problème. Espérons que ceux-là se rendront compte qu'ils se sont fait berner.

    En tous les cas, nous ne pouvons pas nous laisser faire. Ce pays ne doit pas devenir une forteresse, il faut faire comprendre les problèmes et leurs véritables sources. Mais cela ne suffira pas… jamais l'humanité ne sera vraiment libre tant que l'argent dominera le monde.


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  • Il passe rarement une année sans qu'il ne soit question de transports. Des routes de contournement, de nouveaux tunnels, des augmentations tarifaires, des taxes... Dans tous les cas, un discours unanime : le réseau de transports arrive à saturation, il faut donc l'adapter aux besoins grandissants de notre mobilité. Cette évidence mettant tout le monde d'accord, les débats se résument généralement à ceci : d'un côté, les défenseurs de l'automobile individuelle ("ceux de droite"), atteints d'une allergie violente aux restrictions et aux taxes, et cherchant à étendre encore et toujours le réseau routier ; d'une autre part, les partisans des transports publics ("ceux de gauche" et les soit-disant écologistes), cherchant à augmenter la capacité du réseau ferroviaire, les cadences de desserte et le nombre de places dans les trains (et, accessoirement, à utiliser l'argent du peuple pour financer des projets surtout utiles à l'économie). Sans oublier bien sûr des intermédiaires se disant modérés ("ceux du centre"), cherchant à combiner un peu des deux en essayant de satisfaire tout le monde.

    Le projet «FAIF» est un exemple parfait de ce pseudo-affrontement des idéologies : tout le monde, médias y compris, veut nous faire comprendre cette votation comme une bataille entre écologie et automobilistes (en gros).

    Ce projet, en quoi consiste-t-il au juste ? Plus de budget pour le réseau ferroviaire, oui, mais pas pour n'importe quoi : cet argent est destiné à augmenter la capacité des grandes lignes interurbaines et d'agglomération. C'est-à-dire continuer encore plus dans la direction prise depuis longtemps par nos Chemins de Fer Fédéraux (je dis bien fédéraux, donc de service public) : privilégier le transport de masse des pendulaires, la vitesse et les projets pharaoniques au détriment de tout le transport régional et de la qualité du service aux voyageurs.

    On construit toujours plus de tunnels pour aller plus vite, il y a toujours plus de trains par heure entre les villes, les convois à deux étages se généralisent... et pendant ce temps, le service régional n'a jamais été aussi déplorable : s'il vous est déjà arrivé de prendre des trains régionaux, vous voyez certainement de quoi il s'agit... les gares ne sont plus que de simples haltes, froides et inhospitalières (souvent il n'y a plus ni salle d'attente ni toilettes), les beaux anciens bâtiments de gare sont abandonnés, vendus quand ils ne sont pas détruits... Il n'y a plus de personnel pour vous accueillir et vous renseigner, ni pour veiller à l'état des infrastructures de la gare (lorsqu'elles existent encore). Et encore régulièrement, de petites gares ferment et cèdent la place à un service de bus, souvent parce que la ligne est saturée est que la priorité va à plus de liaisons rapides.

    En même temps, on espionne les voyageurs à coup de caméras de surveillance, on pose des écrans partout, dans les gares, sur les trains, dans les trains...  et on y installe le wi-fi (cela correspond à une demande de la clientèle, selon une certaine conseillère fédérale). Bien entendu, tout ceci est considéré comme étant des améliorations significatives du service aux voyageurs. Mais qui préfère avoir affaire à des appareils plutôt qu'à des hommes ? Le seul rôle encore dévolu à du personnel dans les trains (en dehors du conducteur) est celui de contrôleur...

    Et de tout ça, dans le projet de financement, il n'en est point question. Pas un centime pour le service régional hors agglomération, l'entretien des petites gares, ni pour un véritable service à la clientèle. Mais, que voulez-vous, on ne peut pas tout avoir, contrairement à ce qu'on veut faire croire : les CFF sont censés être à la fois un service public et une entreprise privée devant rapporter des revenus à la Confédération... le beurre et l'argent du beurre, ça n'a jamais marché, et bien entendu c'est toujours le voyageur qui en fait les frais, pas les caisses fédérales. Le modèle suisse, quel beau modèle...

    Dans tout ceci, que voit-on ? Une société aveuglée par le toujours plus, plus vite et plus loin, qui refuse toute limite. Qui ne pense qu'à adapter l'offre à la demande, sans même penser à critiquer cette augmentation effrénée. Une société qui a perdu le plaisir de voyager, mais considère le voyage comme une contrainte à écourter et meubler le plus possible.

    Ainsi, le projet FAIF est totalement insatisfaisant, car au service de la société de croissance du toujours plus vite et plus loin, et négligeant tous les problèmes fondamentaux du réseau ferroviaire. Un refus de ce projet serait une bonne épine dans le pied des responsables des transports.


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  • « La démesure nuit à la Suisse. ». Vous avez certainement aperçu ce slogan accrocheur sur une des innombrables affiches qui envahissent notre quotidien. Et peut-être vous êtes-vous dit, que... ce n'est pas si faux finalement. C'est vrai, nous sommes confrontés à des problèmes de manque de logements, de saturation des transports publics et de bétonnage du territoire... et puis, toute cette immigration, tous ces gens que l'on ne comprend pas toujours qui viennent grossir toujours plus la population helvétique, ça n'arrange pas les choses, bien vrai, non ?

    Mais n'oublions pas de différencier immigration et... immigrants. Il est difficilement niable que l'immigration que nous connaissons cause de nombreux problèmes. Mais croyez-vous que tous ces gens qui se pressent à franchir les frontières de cette bonne vieille Helvétie le font par gaité de coeur ? Vous verriez-vous, vous qui vous plaisez si bien dans ce coin de pays, plier bagage juste pour aller tirer profit d'un pays étranger ? J'en doute. Ce qui n'est pour certains qu'une «masse», ce sont avant tous des personnes, des hommes et des femmes victimes d'une société en crise qui n'a que faire de simples humains. Cela pourrait être vous et moi, mais le hasard a voulu que nous ayons vu le jour sous le ciel d'un pays relativement épargné par le chômage ou par la guerre.

    Dès lors, faut-il punir les victimes du système ? Faut-il accepter les gens qui «sont utiles à notre économie» et refuser les autres ? Allons-nous barricader notre petit ilot de prospérité en laissant le reste de l'Europe et de l'humanité se débrouiller ? (Ils n'avaient qu'à mieux travailler, après tout...)

    Si nous cherchions plutôt à lutter contre les vrais coupables ? Ils sont multiples, mais ceux qui cherchent précisément à réguler l'immigration n'y sont pas étrangers. En effet, ce sont les mêmes qui prétendent lutter contre la démesure et qui défendent becs et ongles les milieux économiques aspirant à toujours plus de croissance. Ce sont toujours eux qui se présentent comme défenseurs du pauvre peuple mais ne se gênent pas de sourire en signant des accords de libre-échange avec des pays qui, justement, méprisent le peuple. Ce sont encore eux qui sont toujours là pour défendre les spéculateurs qui contribuent à la prospérité suisse sur le dos de peuples étrangers.

    Le vrai coupable, c'est le système économique, qui ne cherche qu'à créer de la croissance au mépris de la civilisation. Mais il est plus simple de s'attaquer à des migrants qu'à un système puissant, n'est-ce pas ? Tout comme il est plus facile de se considérer comme victimes innocentes que comme coresponsables.


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