• La démocratie ou la tyrannie de la majorité

    Depuis de nombreuses décennies, la démocratie s'est imposée dans un bon nombre des pays du globe comme modèle d'organisation sociale. Par «démocratie», on entend généralement un gouvernement choisi par le peuple, par opposition à une dictature, où le gouvernement se maintient au pouvoir de manière autocratique. On comprend donc l'enthousiasme soulevé chez nos ancêtres par la fondation de républiques démocratiques, libérant les citoyens des anciens régimes monarchiques. De même, il est facile de comprendre les aspirations démocratiques de nombreuses populations vivant aujourd'hui encore sous le joug de tyrans.

    Cependant, il convient de réfléchir à qu'est-ce qu'est réellement la démocratie. Telle qu'elle est pratiquée chez nous du moins, elle consiste en des joutes électorales répétées, lors desquelles la majorité du peuple (comprenez par là la majorité des citoyens ayant le droit de vote et l'exerçant) impose un ou plusieurs chefs à l'ensemble de la population. Dans bien des cas, cela s'arrête là. À ce stade, une démocratie pourrait donc se définir comme une dictature limitée dans le temps mais renouvelable. C'est-à-dire que tant que la majorité est toujours du même avis, les gouverneurs peuvent rester au pouvoir s'ils le souhaitent. Bien souvent, il est vrai, l'opinion majoritaire change avec le temps et les événements, donc la classe dirigeante est régulièrement renouvelée. Ce qui bien entendu n'empêche pas les élus d'agir selon leur volonté durant les habituels quatre à cinq ans de mandat.

    Plus rarement, la démocratie va un peu plus loin et donne la possibilité au peuple (même acceptation du terme que précédemment) de se prononcer favorablement ou non sur des objets qui lui sont proposés. Il y a là certes une amélioration par rapport à une dictature élective, mais le système ne reste que peu satisfaisant. En effet, il s'installe alors une tyrannie de la majorité : la souvent faible majorité des votants impose sa volonté à l'ensemble de la population. Les conséquences de ce genre de décisions «prises par le peuple» sont bien souvent des tensions grandissantes entre les habitants d'un même pays et entre les habitants de différents pays. Cela n'a rien d'étonnant, chacun étant unique et issu d'une culture qui lui est propre, il est impossible que l'opinion de la majorité puisse convenir à tous. La démocratie, bien que constituant un moindre mal, n'en reste pas moins une solution insatisfaisante.

    Les populations opprimées par des régimes autoritaires se révoltent toujours plus. Eux aussi, tels nos ancêtres, exigent la démocratie ; beaucoup de femmes et d'hommes sont prêts à sacrifier leur vie dans ce but. Pourquoi la démocratie ? Cela est simple, ils s'inspirent de ce que d'autres ont fait avant eux sur le Vieux-continent. Le problème que cela engendre malheureusement est que les pays libérés de leurs dictateurs se retrouvent déchirés par des luttes pour le pouvoir. En effet, une démocratie nécessite des dirigeants et il est difficile que ceux-ci satisfassent toute la population, d'où bien souvent de violents affrontements. Dans ces situations tout particulièrement, la tyrannie de la majorité est terrible : une majorité des votants peut par exemple imposer un gouvernement religieux à des personnes ne partageant pas ses opinions religieuses… de nombreux exemples contemporains le démontrent.

    Un jour viendra où ces gens réaliseront que ce système n'a rien d'idéal, mais beaucoup de sang aura coulé d'ici là. Si nous parvenons à montrer qu'une autre voie est possible, d'autres tenteront certainement de nous suivre.

    «L'erreur de ceux qui, de bonne foi dans leur amour de la liberté, ont accordé à la souveraineté du peuple un pouvoir sans bornes, vient de la manière dont se sont formées leurs idées en politique. Ils ont vu dans l'histoire un petit nombre d'hommes, ou même un seul, en possession d'un pouvoir immense, qui faisait beaucoup de mal ; mais leur courroux s'est dirigé contre les possesseurs du pouvoir, et non contre le pouvoir même. Au lieu de le détruire, ils n'ont songé qu'à le déplacer.» (Benjamin Constant, XIXe siècle)

    Au lieu de le détruire, ils n'ont songé qu'à le déplacer. Intéressant, non ?

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