• Il fut un temps où les partis sociaux-démocrates et écologistes avaient l'ambition de changer la société. Sans avoir les ambitions révolutionnaires que les communistes ou les anarchistes pouvaient nourrir, ces partis dits de gauche croyaient en un système où la société ne serait pas guidée par les marchés financiers et osaient passer à l'offensive pour réclamer des avancées sociales. Lointaine époque désormais. L'effondrement des systèmes marxistes-léninistes a persuadé l'Europe qu'il ne pouvait y avoir d'alternative au capitalisme. Les grands partis de gauche n'ont pas échappé à ce tsunami néolibéral. Pas plus tard qu'hier, je lisais dans un journal une déclaration de la présidente des Verts suisses, Mme Adèle Thorens, déclaration illustrant à merveille la politique des Verts d'aujourd'hui :

    « Nous devons encore lutter contre le préjugé prégnant d'une large frange de la population pour qui l'écologie est synonyme de danger pour l'économie. »

    La messe est dite. Oubliez ces écologistes baba-cools des années 1970 qui critiquaient le système économique. Les Verts d'aujourd'hui cherchent à froisser le moins possible les milieux économiques. Le capitalisme vert, les « green techs » voilà la solution selon eux. La décroissance ? Mais non, voyons, ce serait contre-productif, l'idéal est le développement durable…

    Qu'on ne me présente plus les Verts comme porteurs d'une autre vision de la société !

    Une autre belle illustration de cette trahison de la gauche traditionnelle se trouve sur le site internet du parti social-démocrate d'Allemagne (SPD), https://www.spd.de/. J'y lis en grand sur la page d'accueil »Mehr Zeit für Familien - Entspannt durch das alltägliche Chaos«, ce que l'on peut traduire par « Plus de temps pour les familles - Détendu parmi le chaos quotidien ». Je trouve ces quelques mots magnifiques tellement ils sont révélateurs. Quoi de plus explicite ? Détendu parmi le chaos quotidien… le parti ne cherche même pas à mettre de l'ordre dans ce chaos, mais simplement à le masquer.

    Quelle résignation ! Masquer les problèmes au lieu de chercher à les résoudre, j'appelle cela du socialisme de façade.

    J'espère qu'après cela vous ne considèrerez plus les partis sociaux-démocrates et apparentés comme porteurs d'une alternative sociale et économique. Pourtant nombre de personnes votent encore pour ceux-ci en croyant que la politique va changer. Une fois déçus, ils votent pour l'extrême droite…


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  • Je ne sais pas si vous avez remarqué l'obstination dont font preuve certains milieux à vouloir instaurer des quotas féminins. Concrètement, ces gens souhaitent obliger les gouvernements et parlements, mais aussi les conseils d'administration des grandes entreprises privées, à comporter au minimum 40% de femmes.

    L'objectif électoraliste est à peine dissimulé : il ne fait aucun doute, les partis politiques cherchent s'attirer les voix d'un électorat féminin.

    Il faut avouer l'inutilité concrète de la mesure : qu'une entreprise, une commune ou un pays soient administrés par des hommes ou des femmes, je ne vois pas en quoi cela pourrait changer la politique qui y est faite. Il me semble que les opinions politico-philosophico-religieuses ne sont pas physiquement déterminées chez une personne et qu'on rencontre des hommes comme des femmes de tous bords et de tous idéaux.

    N'est-ce pas là du pur sexisme ? Si quelqu'un venait à demander une mesure similaire dans le sens opposé, par exemple contraindre les écoles publiques de composer leur corps enseignant d'au minimum 40% d'hommes, je suis certain que les mêmes qui réclament des quotas féminins crieraient au scandale. Nous ne sommes pas du tout dans un esprit d'égalité mais d'opposition entre les deux sexes, c'est aberrant. Une fonction devrait être assumée par une personne compétente en la matière, et cela peu importe son sexe. La couleur de peau ne rentre pas en compte lors de l'attribution d'un poste, je ne vois pas au nom de quoi le fait d'être une femme ou un homme devrait l'être ?

    Il est incontestable que nombre de femmes sont aujourd'hui encore victimes d'injustices de traitement face à des hommes, ce qui est intolérable à notre époque. Des quotas seraient justement contre-productifs, car ils masqueraient cette inégalité, ancrée bien plus profondément dans la société. Ce genre de mesures sert simplement à donner l'impression que l'égalité est enfin réalisée, alors qu'il n'en est rien.

    Je trouve que cet exemple en dit très long sur l'état d'esprit dominant dans cette société où l'on est d'accord que ça ne va pas mais où la plupart préfère toujours contourner le problème…

    Ce n'est pas par des retouches cosmétiques que l'on change les mœurs. À quand des quotas de blonds ?


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  • Tiens, cette tête me dit quelque chose…

    Eh, mais n'est-ce pas là ce cher Nicolas qui nous fait son retour en sauveur providentiel ?

    Mais oui, c'est bien lui, Nicolas Sarkozy en personne, celui-là même qui, en 2012, déclarait abandonner définitivement la politique en cas de défaite à l'élection présidentielle. Il a osé revenir, le bougre, et pas par la petite porte.

    Pour commencer en beauté, tant qu'à faire, il a changé le nom de son parti. Histoire de donner l'impression qu'il y a quelque chose de nouveau, alors que ce sont les mêmes avec les mêmes idéaux ; mais le nouveau, ça marche, ça fait vendre, et surtout ça fait parler de lui.

    Adieu donc l'Union pour un mouvement populaire (UMP) et bonjour « Les Républicains ». Rendons à César ce qui est à César, il y a du progrès au niveau de la terminologie. Certes, on ne sait toujours pas plus ce qu'ils veulent, la quasi-totalité des partis politiques français se réclamant du système républicain, mais tout au moins ça veut enfin dire quelque chose.

    Je me suis donc amusé à visiter leur nouveau site internet : http://www.republicains.fr/

    Premier constat : le mouvement joue sur la fibre nationaliste. Je suis accueilli par une véritable forêt de drapeaux tricolores.

    Juste après, je suis plutôt surpris de la phrase censée interpeler le visiteur : « Je veux l'alternance ! ». L'alternance ? Mais pourquoi l'alternance ? Par alternance je comprends le basculement périodique de la majorité parlementaire de gauche à droite et vice-versa. L'objectif de ce mouvement politique n'est donc pas d'arriver au pouvoir et d'y rester ? En suivant leur logique, ils ne revendiquent pas le changement mais simplement le droit à leur tour au pouvoir (et ensuite ce serait à nouveau le tour des opposants). Ce n'est certainement pas en se basant sur un principe d'alternance que l'on fait avancer les choses.

    Ensuite, pour m'amuser un peu, j'ai cliqué sur l'onglet « Valeurs ». J'avoue que j'ai bien ri en lisant leur définition du concept de « république » :

    « la République, ce miracle par lequel tant d’hommes dans le monde qui se sont endormis sujets, se sont réveillés citoyens, parce que ce mot signifie pour eux une certaine idée de l’Homme, une exigence qui fait passer les devoirs avant les droits, un « non » catégorique à toutes les formes d’asservissement, et à tout ce qui porte atteinte à l’égale dignité de la femme, de l’homme et de l’enfant »

    N'y a-t-il pas là une sorte de contradiction entre faire passer les devoirs avant les droits et en même temps s'opposer à toutes les formes d'asservissement ? J'appelle cela de l'asservissement que de voir ses droits relégués au second plan… D'ailleurs je lis juste après « Républicains, c’est le nom de celles et de ceux […] qui veulent vivre debout, de leur intelligence, de leur travail, de leur mérite sans être redevable à personne. ». Si je résume, ces gens souhaitent donc que chacun ait des devoirs qui passent avant ses droits mais en même temps ne soit redevable à personne ? Enfin, je ne sais pas, mais je trouve tout de même qu'il y a quelque chose de louche là-dedans.

    En revenant à des choses plus sérieuses, on apprend que le mouvement défend des idéaux de travail, de mérite et d'autorité. Il n'y a pas de doute, on est bien à droite. On n'est même pas bien loin du fameux « Travail, famille, patrie » du régime de Vichy, ne trouvez-vous pas ? Au moins, reconnaissons-le, ce parti ne joue pas sur la fibre populiste en prétendant défendre les plus faibles et les oubliés du système.

    Par contre, je n'ai pas vraiment compris ce que vient faire cette affirmation là-dedans :

    « Républicains, c’est ainsi que se nomment celles et ceux pour qui le combat contre le fanatisme et l’intégrisme, contre l’obscurantisme et la déraison, contre la barbarie et la sauvagerie qui menacent toute forme de civilisation dans le monde, est au-delà de la droite et de la gauche. »

    Si je suis parfaitement d'accord sur le fait que le combat contre le fanatisme et l'intégrisme n'a rien à voir avec le clivage gauche/droite, cette phrase est plutôt incongrue : le mouvement avoue ainsi qu'il n'est pas seul à pouvoir revendiquer son nom ! Étrange, non ?

    Ceci dit, j'ai été très surpris de ne pas trouver le moindre programme politique ! En effet, à part ces longues et belles phrases pleines d'idéaux rassembleurs, il n'y a aucune proposition concrète, aucune solution, rien. Tout compte fait, ce n'est pas bien différent du PLR suisse…

    Voilà donc notre monarque détrôné bien fidèle à lui-même, cherchant à rassembler les troupes derrière lui avec de belles déclarations sans vraiment chercher à changer grand chose. Espérons que les citoyens qui se rendront aux urnes dans deux ans ne se laisseront pas séduire si facilement.

    Nicolas Ier, bientôt un second règne ? Si seulement les gens pouvaient enfin se convaincre qu'il existe d'autres options que l'alternance ou le statu quo…


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